1. Autour du feu : campements touareg du Sahara central. Gollion : Infolio
La publication récente d’une monographie consacrée au site magdalénien de Pincevent remet aujourd’hui au centre des débats l’utilisation de l’ethnologie dans la compréhension des vestiges des campements des anciens chasseur-cueilleurs et autres haltes liées à certaines formes de mobilité (Julien, Karlin 2014).
Elle montre toute l’actualité d’une étude déjà ancienne que nous avions consacrée à l’analyse de campements touareg du Sahara central, étude de « littérature grise » mal diffusée et restée confidentielle (Gallay 1991).
Il nous semble donc utile de publier à nouveau dans des canaux plus officiels ce travail qui n’a pas vieilli. La problématique présentée garde en effet un certain intérêt théorique et méthodologique pour le préhistorien qui s’attache à déchiffrer les vestiges d’anciens campements, et à lire les différentes activités qui ont pu se dérouler autour des foyers toujours présents au sein de pareils établissements.
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2. Gallay (A.) 2016. Quelques réflexions sur le concept de culture.
In : Perrin T., Chambon P., Gibaja J.F. & Goude G. (éds) 2016. Chasséens : retour sur une culture nationale et ses parallèles, Sepulcres de fossa, Cortaillod, Lagozza. Actes du colloque international tenu à Paris du 18 au 20 novembre 2014. Toulouse : Archives d’écologie préhistorique, p. 11-23.
Le terme « culture », présent dans l’intitulé du présent congrès, est couramment utilisé par les néolithiciens pour désigner les complexes de découvertes qu’ils étudient sans qu’une réflexion théorique n’accompagne toujours l’usage de ce terme.
Nous voyons dans cette notion trois connotations qui se développent au cours de l’histoire de la recherche. Ce tour d’horizon historique sera l’occasion pour nous d’éclaircir quelques points d’histoire des idées restés largement méconnus et de rendre hommage à Gérard Bailloud pour le rôle qu’il a joué dans ce développement.
1. Perspective compilatoire : la culture sensu lato comme groupe monothétique
Aux premiers temps de la recherche toutes les approches donnent au terme culture, explicitement ou non, un sens monothétique. La recherche germanophone ajoute au concept une interprétation en terme de populations, mais les dérives de ce type d’analyse (Gustaf Kossina) suscitent désormais de nombreuses interrogations parmi les préhistoriens allemands. A l’opposé, la recherche francophone conçoit souvent la culture comme la résultante d’un jeu d’influences extérieures et reste peu ouverte aux débats théoriques.
L’anthropologie d’alors présente également souvent cette même vision monothétique des composantes culturelles, notamment à travers l’analyse des variations spatiales de la culture matérielle prise dans sa globalité (travaux de Milke sur les Indiens de Californie par exemple, Milke 1949). Cette vision monothétique rejoint l’interprétation de Lévi-Strauss en terme de variations de la communication (communication des biens, communication des femmes, communication des messages), cette dernière passant par un seuil minimum aux frontières de la culture (Lévi-Strauss 1958, 326), mais cette vision globale reste nettement insuffisante en terme d’analyse anthropologique.
2. Perspective typologique : la culture sensu stricto comme groupe polythétique
L’interprétation polythétique se développe essentiellement dans le domaine anglophone, plus ouvert aux explications fonctionnalistes, mais a de la peine à pénétrer les domaines germanophones et francophones, à quelques exceptions près (Borello 1985). L’approche polythétique des composantes culturelles reste pourtant pour nous un préalable essentiel au développement d’une définition de la culture sur le plan typologique car elle permet d’isoler ce qui peut constituer le noyau dur du concept, ce dernier s’affirmant notamment dans les particularités de la céramique.
Contrairement à ce que l’on pense souvent cette perspective s’est développée dans le domaine francophone indépendamment de la recherche anglophone et peu avant la promotion du concept par David L. Clarke. Nous l’avons approfondie de façon systématique dans notre thèse sur le Néolithique moyen du Jura et des plaines de la Saône, inspiré alors par une conférence donnée par Gérard Bailloud sur le Chasséen le 18 juillet 1964 au Musée de Nîmes. Notre regretté collègue, initiateur de notre travail, y insistait en effet sur la non concordance des variations spatiales des composantes culturelles de cette culture, céramique, industrie lithique, sépultures etc. L’approche développée dans notre thèse, achevée, mais non encore publiée, avant la parution d’Analytical Archaeology en 1968, montrait en effet qu’on ne pouvait approcher le concept de culture qu’en éliminant tout d’abord les composantes ayant une durée de vie restreinte, mais une très large répartition géographique (horizons chronologiques) et les composantes de longue durée de vie, mais géographiquement circonscrites (traditions régionales). Elle montrait qu’il était également possible de développer une approche chiffrée des affinités entre les différents groupes culturels permettant d’identifier un niveau correspondant plus précisément à la culture (Gallay 1977) (tab. 1).
3. Perspective explicative : la culture sensu stricto comme expression d’une population
Le second bouleversement a été abordé à l’occasion du cours de Genève de la Société suisse de préhistoire et d’archéologie en 1990 « Peuples et archéologie », à l’occasion duquel nous avons insisté sur le fait que le concept de culture n’est pas un donné préalable, anticipant toute recherche, mais bien un résultat découlant d’hypothèses très lourdes sur la signification fonctionnelle donnée à chaque composante culturelle prise isolément. Dans cette perspective l’analyse typologique précédente ne pouvait être qu’une approche préliminaire, mais restait encore insuffisante (Gallay 1990, 2000).
Nos recherche ethnoarchéologiques sur la signification des traditions céramiques de la Boucle du Niger (Mali) se sont situées dans cette perspective en montrant qu’il était possible d’interpréter ces traditions fondées sur différentes techniques de montage en termes de populations et/ou de groupes sociaux, ce qui contredisait, du moins au niveau de ce terrain particulier, les idées dominantes développées par l’ethnologie (Gallay 2012).
Fig. 1. Schéma d’analyse du concept de culture en fonction des paramètres L (espace) et T (temps).
Fig. 1. Schéma d’analyse du concept de culture en fonction des paramètres L (espace) et T (temps).
Au plan pratique l’approche culturelle au sens strict doit reposer sur l’étude des dynamiques locales en termes de continuité et/ou de rupture chronologique. Seul ce type d’approche permet, in fine, d’établir la connexion culture-population (ethnie).
Nous présentons à titre illustratif quelques recherches récentes permettant d’illustrer cette perspective.
L’étude de la diffusion du jade du Mont Viso par Pierre Pétrequin confirme la présence d’horizons chronologiques de large répartition spatiale (Pétrequin et al. 2013).
A l’opposé, l’utilisation du cristal de roche en Valais illustre la présence de traditions culturelles de longue durée, mais d’extension spatiale limitée (Sauter et al. 1971, Honegger 2001).
Les études de François Giligny sur la formation des groupes à céramique cordée du lac de Neuchâtel confirment la présence de ruptures dans les traditions céramiques dues à l’arrivée d‘individus étranger (Giligny, Michel 1995).
La dynamique des occupations de la Combe d’Ain offre la possibilité d’identifier, à travers l’étude des changements de techniques dans la fabrication de la céramique (Pétrequin 1993, Giligny et al. 1995), des déplacements de populations, notamment au niveau de l’arrivée de groupes d’origine Ferrières (travaux de Rémi Martineau, Martineau 2000).
Enfin les recherches d’Elena Burri-Wyser sur le site de Concise confirment la possibilité d’une coexistence dans un même village de deux traditions céramiques différentes (Cortaillod et NMB) correspondant probablement à des potières d’origines distinctes (Burri 2007).
Le concept de groupes polythétique, développé dans les années 60, débouche donc sur la possibilité de développer une analyse fonctionnelle du concept de culture dans lequel l’interprétation en termes de populations est possible à condition que l’on entreprenne au préalable une étude fonctionnelle approfondie des différentes composantes culturelles, une perspective pour la première fois réellement anthropologique pour cette question essentielle.
Au plan pratique l’approche culturelle au sens strict doit reposer sur l’étude des dynamiques locales en termes de continuité et/ou de rupture chronologique. Seul ce type d’approche permet, in fine, d’établir la connexion culture-population (ethnie).
Nous présentons à titre illustratif quelques recherches récentes permettant d’illustrer cette perspective.
L’étude de la diffusion du jade du Mont Viso par Pierre Pétrequin confirme la présence d’horizons chronologiques de large répartition spatiale (Pétrequin et al. 2013).
A l’opposé, l’utilisation du cristal de roche en Valais illustre la présence de traditions culturelles de longue durée, mais d’extension spatiale limitée (Sauter et al. 1971, Honegger 2001).
Les études de François Giligny sur la formation des groupes à céramique cordée du lac de Neuchâtel confirment la présence de ruptures dans les traditions céramiques dues à l’arrivée d‘individus étranger (Giligny, Michel 1995).
La dynamique des occupations de la Combe d’Ain offre la possibilité d’identifier, à travers l’étude des changements de techniques dans la fabrication de la céramique (Pétrequin 1993, Giligny et al. 1995), des déplacements de populations, notamment au niveau de l’arrivée de groupes d’origine Ferrières (travaux de Rémi Martineau, Martineau 2000).
Enfin les recherches d’Elena Burri-Wyser sur le site de Concise confirment la possibilité d’une coexistence dans un même village de deux traditions céramiques différentes (Cortaillod et NMB) correspondant probablement à des potières d’origines distinctes (Burri 2007).
Le concept de groupes polythétique, développé dans les années 60, débouche donc sur la possibilité de développer une analyse fonctionnelle du concept de culture dans lequel l’interprétation en termes de populations est possible à condition que l’on entreprenne au préalable une étude fonctionnelle approfondie des différentes composantes culturelles, une perspective pour la première fois réellement anthropologique pour cette question essentielle.
Quelques références
Borrello, M.-A. 1981. Considération sur la définition du groupe culturel Chassey-Cortaillod-Lagozza. Berne : Seminar für Urgeschichte.
Burri, E. 2007. La céramique du Néolithique moyen : analyse spatiale et histoire des peuplements. Lausanne : Cahiers d’archéologie romande. (Cahiers d’archéologie romande 109, La station lacustre de Concise 2).
Clarke, D. L. 1968. Analytical archaeology. Londres : Methuen.
Gallay, A. 1977. Le Néolithique moyen du Jura et des plaines de la Saône : contribution à l’étude des relations Chassey-Cortaillod-Michelsberg. Frauenfeld : Huber. (Antiqua 6).
Gallay, A. 1990. L’archéologie des peuples en question. In : Gallay (A.), ed. Peuples et archéologie. Cours d’initiation à la préhistoire et à l’archéologie de la Suisse (6 ; 1990 ; Genève : résumé des cours). Bâle : Société suisse de préhistoire et d’archéologie, 5-9.
Gallay, A. 2000. Cultures, styles, ethnies : quel choix pour l’archéologue? In : De Marinis, R., Biaggio Simona, S., eds. I Leponti : tra mito e realtà, 1. Catalogo di mostra (maggio-dicembre 2000 ; Locarno, Castello Visconteo – Casorella). Giubiasco : Gruppo Archeologia Ticino ; Locarno : A. Dadò, 71-78.
Gallay, A. & Huysecom, E., Mayor, A., Gelbert, A. collab. 2012. Potières du Sahel : à la découverte des traditions céramiques de la Boucle du Niger (Mali). Gollion : Infolio.
Giligny, F., Maréchal, D., Pétrequin, P., Pétrequin, A.-M., Saintot, S. 1995. La séquence Néolithique final des lacs de Clairvaux et de Chalain (Jura) : essai sur l’évolution culturelle. In : Voruz, J.-L., ed. Chronologies néolithiques : de 6000 à 2000 ans avant notre ère dans le Bassin rhodanien. Colloque : Rencontre sur le Néolithique de la région Rhône-Alpes (11 ; 19-20 sept. 1992 ; Ambérieu-en-Bugey). Ambérieu-en-Bugey : Société préhistorique rhodanienne. (Document du Département d’anthropologie et d’écologie de l’Université de Genève 20), 313-346.
Giligny, F., Michel, R. 1995. L’évolution des céramiques de 2920 à 2440 av. J.-C. dans la région des Trois-Lacs (Suisse occidentale). In : Voruz (J.-L.), ed. Chronologies néolithiques : de 6000 à 2000 ans avant notre ère dans le Bassin rhodanien. Colloque : Rencontre sur le Néolithique de la région Rhône-Alpes (11 ; 19-20 sept. 1992 ; Ambérieu-en-Bugey). Ambérieu-en-Bugey : Société préhistorique rhodanienne. (Document du Département d’anthropologie et d’écologie de l’Université de Genève 20), 347-361.
Lévi-Strauss, C. 1958. Anthropologie structurale 1. Paris : Plon.
Martineau, R. 2000. Poterie, techniques et sociétés : études analytiques et expérimentales à Chalain et Clairvaux (Jura), entre 3200 et 2900 av. J.-C. thèse de doctorat. Besançon : Université de Franche Comté.
Milke, W. 1949. The quantitative distribution of cultural similarities and their cartographic representation. American Anthropologist 51, 237-252.
Pétrequin, P. 1993. North wind, south wind : Neolithic technical choices in the Jura Mountains. In : Lemonnier, P., ed. Technological choices : transformation in material cultures since the Neolithic. London ; New York : Routledge (Material cultures), 36-76.
Pétrequin, P., Cassen, S., Errera, M., Klassen, L., Pétrequin, A.-M., Sheridan, A. 2013. The value of things : the production and circulation of alpine jade axes during the 5th-4tth millenia in a european perspective. In : Kerig, T., Zimmermann, A. eds. Economic archaeology : from structure to performance in European archaeology. Bonn : Habelt , 65-82
Sauter, M.-R., Gallay, A., Chaix, L. 1971. Le Néolithique du niveau inférieur du Petit-Chasseur à Sion, Valais. Annuaire de la Société suisse de préhistoire et d’archéologie 56, 17-76.
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3. Gallay (A.) 2016. A propos du développement des rites funéraires : les sociétés du Haut-Nil (Soudan) du Néolithique à l’Islamisation
Afrique, Archéologie, Art, 12, 2016, p.43-80.
Cet article teste la pertinence d’une approche intégrant ethnohistoire et archéologie, dans un cadre ethnoarchéologique et linguistique régional en suivant une démonstration de type logiciste.
Il aborde la préhistoire récente et l’histoire préislamique du Soudan depuis le Néolithique et vise à donner une vue renouvelée du développement des civilisations du haut bassin du Nil et du Korofan dans le domaine des rites funéraires. Il développe une perspective anthropologique africaniste afin de compléter la vision essentiellement égyptologique qui domine aujourd’hui l’archéologie de cette région.
La démarche se développe sur quatre niveaux successifs :
1. Présentation des données de base aux plans ethnologique, linguistique, ethnohistorique, et archéologique (propositions P0),
2. Exposé de certaines dynamiques générales affectant les sociétés africaines (propositions P1),
3. Restitution d’un scénario historique (propositions P2),
4. Démonstration de l’insuffisance actuelle d’une démarche essentiellement égyptologique sensible aux présupposés du néo-évolutionnisme nord-américain. Deux ensembles se dessinent, l’un, néolithique, compréhensible dans le cadre de la dynamique du phylum afrasien, l’autre à l’origine des sociétés pré-étatiques et étatiques (Kerma, Napata, Méroé), qui s’intègrent dans la dynamique du phylum nilo-saharien (propositions P3).
On termine par quelques propositions générales sur l’évolution des sociétés et la mise en évidence d’un certain synchronisme entre mouvements de populations et phases climatiques les plus arides (propositions P4).
Fig. Développement des rites funéraires de la vallée du Nil entre la 2e et la 6e cataracte distinguant le domaine afrasien du domaine nilo-saharien. © Gallay
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4. Gallay (A.) 2016. Jean-Claude Gardin et les stratégies de recherches en archéologie : cours de Genève 1978.
42nd Computer Applications in Archaeology and Quantitatives methods in Archaeology Conference (CAA). Paris 22-25 avril 2014.
Session 01 : Toward a history of archaeological Computing.
Publié sous :
Gallay (A.) 2016. Jean-Claude Gardin et les stratégies de recherches en archéologie (CAA, Paris, session 01, 6 juin 2014: Toward a History of Archaeological Computin). Les Nouvelles de l’archéologie, 14 juin 2016, dossier Jean-Claude Gardin sous la dir. de François Djindjian et Paola Moscati, p. 14-21.
La publication complète du cours de Jean-Claude Gardin a été intégrée dans un livre sur les stratégies de recherches à paraître chez Infolio : Gardin, J.-C. et Gallay, A. Stratégies pour l’archéologie.
Présentation (version française longue)
Présentation (version anglaise)
Lors de l’année universitaire 1977-1978, Jean-Claude Gardin donnait à Genève un cours sur « les stratégies de recherches en archéologie », faisant suite à son enseignement consacré à l’ « archéologie théorique ». Ce cours ne donnera lieu à aucune publication spécifique, contrairement au précédent, qui est à l’origine de son livre « une archéologie théorique ».
Jean-Claude Gardin donnait la définition suivante d’une stratégie de recherche
« Etude des (non)savoir-faire des archéologues dans les modalités des actions archéologiques visant des objectifs déterminés jugés être des points décisifs, compte tenu des moyens disponibles ».
Cette communication vise deux objectifs :
1. Donner un aperçu des grands thèmes développés à cette occasion,
à partir des notes prises lors de cet enseignement, notes que nous avons beaucoup utilisées dans nos cours et dont les opérations menées en Bactriane par Gardin ne constituent qu’une illustration très partielle.
La thèse principale du cours tenait en deux propositions :
– Les stratégies de recherche occupent encore fort peu de place dans la conduite des affaires de l’archéologie ; il pourrait être instructif de réfléchir à la rationalité des décisions prises de façon plus ou moins consciente à toutes les étapes de nos constructions.
– Cette réflexion ne doit en aucune manière passer pour une défense inconditionnelle de la rationalité, dans les choix des objectifs, des sujets, et des méthodes de la recherche archéologique, l’archéologie sans grand souci stratégique étant, sous certaines conditions, acceptable.
Quatre types de situations sont envisagées :
– le choix des espaces, sites ou monuments soumis à l’exploration et leur justification.
– les pratiques d’enregistrement et d’archivage,
– les procédures d’échantillonnage, mathématiques ou non,
– la place faite aux méthodes « lourdes » dans un nombre croissant de programmes de recherche.
2. Mesurer l’impact que cet enseignement a eu sur notre propre pratique de l’archéologie
à travers nos fouilles et autres recherches de terrain. Nous avions en effet fouillé la nécropole du Petit-Chasseur en Valais en nous référant à l’enseignement de Leroi-Gourhan quant à l’ « exhaustivité » nécessaire des observations archéologiques. Les fouilles de sauvetage entreprises entre 1973 et 1980 sur le site très difficile de Rances, dans le canton de Vaud, ont été pour nous l’occasion de remettre en question ce dogme en suivant l’enseignement de Gardin à travers la limitation nécessaire des questions à poser et la recherche de réponses stratégiques et tactiques adéquates, une reconversion terminée à l’occasion de nos fouilles du Sénégal 1980-81 sur le site mégalithique de Santhiou Kohel, puis de nos recherches ethnoarchéologiques dans la Boucle du Niger.
Cette communication est un plaidoyer pour que les notes du cours sur les stratégies de recherche en notre possession soient publiées.
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5. Gallay (A.) 2016. Plaidoyer pour une anthropologie générale
Communication présentée dans le cadre du 6ème congrès d’ethnoarchéologie (Rome 21-23 novembre 2012) : the untangible elements of culture in the ethnoarchaeological research.
Publié en anglais sous :
Gallay (A.) 2016. A Plea for General Anthropoly. In : Biagett,( S)., Lugl,( F) .éds. The intangible elements of culture in the ethnoarchaeological research. 6ème conférence de l’Association italienne d’ethnoarchéologie, Rome 21-23 novembrei 2012. Springer, p. 3-35.
L’archéologie utilise couramment dans ses interprétations des concepts tirés d’une connaissance souvent très superficielle de l’anthropologie économique, sociale et culturelle. Cette communication propose une voie pour améliorer les conditions d’interprétation des vestiges, notamment sur le plan des interprétations fonctionnelles. Elle implique une remise en question des pratiques même de l’anthropologie, une question abordée à propos de la notion de bien de prestige.
Communication version française
1. Les limites de l’interprétation archéologique
P1. Le passage de la description (Cc) et de l’ordination (Ct) des vestiges archéologiques aux interprétations fonctionnelles (Ce) présente une véritable rupture.
P2. On ne pourra pas faire progresser l’interprétation des vestiges archéologiques sans, parallèlement, construire une anthropologie générale mieux intégrée aux données matérielles.
2. Caractérisation archéologique intrinsèque et implications du sens commun au plan fonctionnel.
P3. La réflexion anthropologique doit partir d’une analyse des concepts au niveau archéologique.
3. Fondements anthropologiques des notions
P4. Eviter des pièges d’une vision fonctionnaliste et séparer les définitions de l’étude des fonctions remplies par l’objet.
P5. Définir les termes employés. En Afrique précoloniale il est possible de distinguer des biens courants et des biens faisant partie de la richesse, soit des biens de prestige et des biens de prestige à valeur ostentatoire.
P6. Evaluer le degré de contextualisation des phénomènes.
4. Intégration dans un modèle général
P7. Construire un modèle rendant compte de l’ensemble des interprétations proposées par l’archéologie.
5. Tests sur des exemples ethnographiques
P8. Les Gouro (Côte d’Ivoire) possèdent une richesse faisant appel à des biens de prestige.
P9. Les sociétés royales forestières possèdent des biens de prestige à valeur ostentatoire.
6. Conséquences sur la pratique archéologique
P10. L’ambiguïté des relations entre critères intrinsèques et interprétations fonctionnelles des objets nécessite une réflexion nouvelle sur les contextes de découverte des objets
L’évaluation anthropologique de certains concepts utilisés par les archéologues montre fréquemment qu’il n’existe pas de liaison bi-univoque entre les objets définis par leurs caractéristiques intrinsèques et leur interprétation économique, sociale, politique ou idéologique.Une façon de répondre à cette difficulté consiste à considérer la multi-interèrétation d’un phénomène comme une caractéristique fondamentale de la démarche archéologique et d’en tenir compte dans nos écrit sous formes d’interprétations alternatives.
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6. Gallay (A.) 2013. Monumentalisme africain
L’Archéologue, 126, juin-juillet-août 2013, p. 30-37.
Le monumentalisme africain apparaît avec l’élevage et disparaît avec la création des Etats. Il touche des organisations sociales différentes. Son étude à travers le nord du continent, de l’Ethiopie au Sénégal et au Sahara, cherche à approcher une définition des sociétés qui trouvèrent nécessaire d’ériger des monuments souvent spectaculaires, funéraires ou non.
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7. Gallay (A.) 2016. Monumentalisme et populations de langues est-couchitiques en Ethiopie 1 : une approche anthropologique
In : Jeunesse, C., Le Roux, P., Boulestin, B. (eds) 2016. Mégalithisme vivants et passés : approches croisées. Oxford : Archaeopresse publishing ltd., p. 191-218.
Communication aux rencontres de Strasbourg sur le mégalithisme, 19 mai 2015.
Dans un livre récent nous avions proposé de voir dans les populations éthiopiennes récentes qui élèvent encore des mégalithes, parmi elles les Konso, des sociétés pouvant être qualifiées de « démocraties primitives » au sens donné par Alain Testart à ce terme dans son livre “Éléments de classification des sociétés” (2005).
Cet article se donne pour objectif d’approfondir cette question et de proposer les bases d’une problématique d’analyse du contexte géographique, linguistique, économique, sociétal et politique dans lequel le monumentalisme récent du sud de l’Éthiopie a pu se développer.
Ce monumentalisme, habituellement qualifié de mégalithique, paraît associé aux populations de la famille est-couchitique (phylum afro-asiatique) occupant le Rift éthiopien et pratiquant (à l’exception des Konso qui possèdent une agriculture intensive du sorgho) une horticulture de l’ensete (Ensete ventricosum).
L’application du concept de démocratie primitive aux Konso pose néanmoins certains problèmes dus, entre autres questions, au caractère succinct de la définition donnée par Testart, fondée essentiellement sur le cas iroquois.
La présence du système de classes générationnelles (generation-grading system) de type Gada, différent des système de classes d’âge des population nilotiques, d’un conseil dont les membres sont choisis sur une base consensuelle et de chefs (les poqollas) n’ayant pas de pouvoir politique parlent en faveur d’une société effectivement démocratique, mais le fait qu’on puisse qualifier les agglomérations konso de Cités-États milite en faveur d’une structure étatique émergeante qui pourrait correspondre à un phénomène de descendance avec modification par rapport à un stade de développement supposé plus archaïque et correspondant à de vraies démocraties primitives.
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8. Gallay (A.) 2016. Monumentalisme et populations de langues est-couchitiques en Ethiopie 2 : une approche historique
In : Jeunesse, C., Le Roux, P., Boulestin, B. (eds) 2016. Mégalithisme vivants et passés : approches croisées. Oxford : Archaeopresse publishing ltd., p. 219-244.
Communication aux rencontres de Strasbourg sur le mégalithisme, 19 mai 2015.
Après avoir préciser le contexte anthropologique et linguistique possible du mégalithisme éthiopien nous proposons de replacer ce phénomène dans une perspective diachronique, à la fois théorique et concrète.
Nous suivons ici la distinction avancée par Testart entre sociétés et cultures, opposition qui correspond exactement à notre opposition entre régularités et scénarios. Le premier point de vue est abordé à travers une analyse cladistique se calquant sur la classification des langues est-couchitiques et omotiques. Cette structure dynamique a été confrontée dans un second temps au scénario construit à partir des données archéologiques et historiques. Les deux approches sont en bonne concordance, ce qui valide la démarche proposée et permet de définir un scénario en 6 phases comprenant quatre stades de développement du mégalithisme. Remontant au 6e millénaire cal BC, le site de Nabta Playa, dans le désert égyptien, est la plus ancienne expression de ce monumentalisme.
Les données éthiopiennes sont par contre plus tardives. Le Mégalithique 1 correspond aux sites Namoratunga du lac Turkana, le Mégalithique 2 aux cistes dolméniques du Chercher, le Mégalithique 3, aux sépultures sous tumulus de la culture Shay et du Chercher et le Mégalithique 4 aux monuments du Rift méridional qui comprend le mégalithisme subactuel des Konso.
– 1. Développement du proto-afro-asiatique et apparition du pastoralisme bovin.
– 2. Apparition des économies mixtes de savanes sèches avec culture du sorgho, début de spécialisation artisanale et économie à marchés périphériques avec marchés locaux, organisations lignagères et classe de guerriers.
– 3a. systèmes des degrés de générations (système gada) « démocraties primitives » comme caractéristiques dérivées pour les sociétés de langues est-couchitiques.
– 3b. Hiérarchisation au sein des populations omotiques et développement des organisations lignagères.
– 3c. Esclavage de guerre.
– 4. Economies agricoles d’altitude liées à l’ensete et au tef et utilisation de l’araire au sein des populations des hautes terres.
– 5. Hydroagricutures au sein du groupe Arboré-somaloïde
– 6a. Spécialisation en direction de l’agricuture intensive du sorgho et cités-Etats (Konso, Gewada).
– 6b.Pastoralisme chamelier strict (Borana).
(Schéma A. Gallay).
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9. Gallay (A.) 2016. Quelles interrogations pour les études mégalithiques ?
In : Jeunesse, C., Le Roux, P., Boulestin, B. (eds) 2016. Mégalithisme vivants et passés : approches croisées. Oxford : Archaeopresse publishing ltd., p. 19-56.
Communication aux rencontres de Strasbourg sur le mégalithisme, 22 mai 2014.
On réunit les questions que les archéologues peuvent se poser à propos des monuments mégalithiques, tant en Europe que sur les autres continents. On prend comme point de départ notre propre expérience des fouilles du Petit-Chasseur en Valais (Suisse), dont le développement se place entre 3200 et 1500 cal BC et de Santhiou Kohel (Sénégal), qui appartient à un complexe mégalithique situé entre 200 cal BC et 1600 cal AD environ.
Les questions sont au nombre de 10 :
– Qu’est-ce qu’un mégalithe ?
– Quelles participations pour la construction d’une tombe ou d’un monument mégalithique ?
– Quelle fraction de la population a-t-elle droit à une sépulture mégalithique ?
– Quelle signification accorder à la coexistence de plusieurs rites funéraires dans un même monument ?
– Quelles significations accorder aux objets associés aux tombes ?
– Quelles significations rituelles accorder aux transformations subies par les monuments ?
– Quels évènements de nature sociale, politique ou ethnohistorique peuvent-ils entraîner une transformation des rituels mégalithiques ?
– Les sociétés mégalithiques sont-elles liées à des économies spécifiques ?
– Quelles relations établir entre le mégalithisme et les divers types de sociétés dans le monde et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest ?
– Les sociétés mégalithiques ont-elles une spécificité sur le plan social et politique ? Les types de sociétés que nous pouvons définir à partir des critères matériels, notamment architecturaux se retrouvent au-delà de l’ensemble ainsi défini. De nombreuses sociétés ploutocratiques et sociétés royales ne pratiquent aucune forme de mégalithisme. A l‘opposé la délimitation de l’ensemble que nous pouvons opérer sur la base des critères architecturaux peut poser certains problèmes, notamment en ce qui concerne les sépultures tumulaires comme c’est le cas dans le monde des steppes.
Cette confrontation devrait pouvoir, à terme, fonder un nouveau discours transdisciplinaire où les connaissances archéologiques et ethnologiques seront intégrées au sein d’une nouvelle anthropologie, telle que la concevait Alain Testart.
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10. Gallay (A.) 2015. Construire une paléoanthropologie
Archeologia Polski 60, 2015, numéro spécial dédié au professeur Tabaczynski, p. 39-51
Dès 1955, Jean-Claude Gardin inaugure une vaste réflexion sur les fondements du raisonnement archéologique. Cette approche est connue aujourd’hui sous le nom de logicisme, un terme qui n’apparaît que tardivement sous la plume de notre collègue.
Acquis dès le début des années 60 à cette approche, nous avons cherché à la prolonger afin d’intégrer ces acquis dans une réflexion théorique plus générale sur les fondements d’une archéologie que nous voudrions voir contribuer aujourd’hui à la construction d’une anthropologie générale. Nous voyons dans cette perspective trois types d’exigences :
– une exigence formelle relevant du logicisme,
– une exigence structurale en relation avec le développement de certains outils mathématiques et logiques sensu lato,
– une exigence explicative issue d’une perspective actualiste de l’anthropologie.
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11. Gallay (A.) 2015. Pierres levées du Sénégal et sociétés lignagères segmentaires
In : Rodriguez, G., Marchesi, H. (eds) 2015. Statues menhirs et pierres levées du Néolithique à aujourd’hui (Actes du 3e colloque international sur la statuaire mégalithique, Saint-Pons-de-Thomières, 12-16 septembre 2012). Saint-Pons-de-Thomières : Groupe archéologique du Saint-Ponais et Montpellier : Direction régionale des affaires culturelles Languedoc-Roussillon, p. 67- 77.
Propositions
P1. Les nouvelles données archéologiques (longue durée d’utilisation de certains cercles et sépultures secondaires, ne contredisent pas le caractère lignager qui caractérise le mégalithisme sénégambien.
P2. Les organisations lignagères forment le fondement de tous les types de sociétés précoloniales en Afrique de l’Ouest .
P3. Il est possible de définir en Afrique de l’Ouest dans le monde II sept types de sociétés dérivant d’un stade originel hypothétique de sociétés lignagères : les protochefferies, les suites militaires, le despotisme guerrier, les tyrannies militaires, les Etats marchands, les Etats islamiques et les royautés divines.
P4. Le mégalithisme sénégambien (cercles) peut être rattaché aux despotismes guerriers.
P5. Le monde II réunit des sociétés situées entre les chasseurs-cueilleurs et les sociétés de classes, qui ne connaissent pas la propriété de la terre, mais dont l’organisation est fondée sur des différences de richesse générant une stratification.
P6. On peut définir dans le monde II, au delà de la possessions de biens d’usage courant, trois types de biens liés à la genèse des inégalités : la richesse, les biens de prestige et les biens ostentatoires.
P7. Nos connaissances de l’évolution de la société wolof (Sénégal) montrent le caractère ancien de la notion de prestige, liée au don, mais cette caractéristique ne s’affirme qu’à partir du moment où des rapports de clientélisme de manifestent entre « nobles » et gens de castes.
P8. Les Gouro (Côte d’Ivoire) correspondent à des protochefferies sans castes, intégrées dans un réseau marchand international. On peut déceler dans ces sociétés des biens d’usage courant, des biens concourant à la richesse, des biens de prestige, mais pas des biens de caractère ostentatoire.
P9. La notion de biens de prestiges ostentatoires ne se développe que dans les sociétés royales forestières à l’exemple des royaumes d’Abomey et du Bénin.
P10. Il n’y a pas de biens de prestige ostentatoires dans les autres types de sociétés.
P11. Le mégalithisme sénégambien se développe dans le cadre de sociétés lignagères à un stade de compétition entre lignages, mais cette compétition n’implique pas de pratiques ostentatoires, mis à part les monuments eux-mêmes.
P12. La possibilité d’un mégalithisme lié à des sociétés lignagères n’utilisant pas de biens de prestiges ostentatoires est démontrée.
12. Gallay (A.) 2015. Pensée savante et pensée vulgaire en archéologie : une approche logiciste
In : Walliser, B. (ed.) 2015. La distinction des savoirs. Paris : EHESS (Enquête), p. 131-155..
Après l’étude de la cumulativité dans les sciences humaines (Walliser, B. ed. 2009. La cumulativité du savoir en sciences sociales : en hommage à Jean-Michel Berthelot . Paris : ed. de l’EHESS), le Groupe Berthelot de réflexion sur l’épistémologie des sciences humaines a repris ses travaux avec un nouveau sujet : les relations entre pensée scientifique et pensée vulgaire. Une première séance a eu lieu à Paris le 19 mars 2010.
Notre réflexion prend le terme de « pensées vulgaire » dans le sens très général de pensée non scientifique. Nous ouvrons ainsi l’éventail à l‘ensemble des pensées se situant en marge de l’épreuve des faits, de façon à couvrir un registre allant de la pensée vulgaire stricte, celle de la «foule», à la réflexion philosophique « savante » des paradigmes, en passant par ce que certains nomment la pensée spontanée, ordinaire, naïve, ou même la « troisième voie », ni science ni littérature, chère au Postmodernisme.
Notre démonstration s’articule en cinq points :
Points 1. Le constat d’une rupture épistémologique entre les constructions compilatoires et typologiques de d’archéologie et les « explications » qui relèvent le plus souvent de la pensée vulgaire.
Point 2. Le constat de la nécessité des références extérieures dans les explications.
Point 3. Le constat du caractère « vulgaire » des paradigmes dominant les explications.
Point 4. Des exemples d’intrusion de la pensée vulgaire dans les explications (réflexions de Kaeser sur le mythe lacustre, de Le Quellec sur l’interprétation de la Dame Blanche du Branderg par l’Abbé Breuil, de Demoule sur l’origine des Indo-européens et Stoczkowski sur les modèles de l’hominisation).
Point 5. Nature des sous-produits vulgaires de la pensées archéologique : vulgarisation, romans historiques (Le Soleil des morts) et impostures (des extraterrestres sur l’île de Pâques).
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13. Gallay (A.) 2014. Chaînes opératoires de montage et fonctions sociales : les « poteries de mariage » somono (Mali).
En collaboration avec Elena Burri-Wyser. Colloque de l’EAA, Oslo, 14-18 septembre 2011.
Paru dans Afrique, Archéologie, Arts 10, 2014, p.13-46.
P01. Il est possible de proposer une typologie des céramiques associant des caractéristiques morphologiques et fonctionnelles.
P02. La tradition céramique Somono présente à côté de poteries d’usage courant des poteries richement décorées.
P03. Des poteries richement décorées dans le style de la tradition somono peuvent être fabriquées par des potières bambara.
P04. Les poteries richement décorées fabriquées par des potières bambara se distinguent des poteries somomo par un fond modelé sur poterie retournée.
P1.1. Les poteries richement décorées concernent des utilisations domestiques, gestion de l’eau, confort ménager et certains usages sociaux.
P2.1. Les poteries richement décorées ne concernent pas la préparation de la nourriture.
Chaînes opératoires de montage
P05. Les diverses fonctions des poteries communes d’usage domestiques ne se distinguent pas sur le plan des chaînes opératoires de montage.
P06. Les chaînes opératoires des céramiques richement décorées se distinguent de celles de la céramique d’usage courant par un plus grand nombre de gestes.
P07. Cette différence concerne également les céramiques bambara, peul et les sonraï.
P1.2. Les chaînes opératoires des céramiques richement décorées se distinguent des chaînes opératoires des céramiques d’usage courant peu décorées, quelle que soit la tradition.
Diffusion des poteries
P08. Les poteries d’usage courant sont introduites dans l’économie de marché.
P09. Les poteries richement décorées peuvent être échangées contre des céréales ou achetées directement auprès des potières par une tierce personne en vue d’un don.
P010. Les poteries richement décorées font l’objet de dons.
P011. Les poteries richement décorées sont notamment offertes à l’occasion de mariages et peuvent faire partie de la dot .
P012. Les poteries richement décorées sont offertes à la mère à l’occasion de la naissance d’un enfant ou pour ses enfants.
P013. Les poteries richement décorées somono se retrouvent essentiellement dans des familles somono ou bozo
P014. Les poteries richement décorées sont relativement rares dans les concessions
P1.3. Les poteries richement décorées sont exceptionnellement achetées sur les marchés.
P2.2. La répartition géographique des poteries richement décorées signale la zone de production cette céramique.
Techniques génériques
P015. Les modalités de façonnage de la préforme et les supports utilisés pour le montage de la céramiques sont de bons marqueurs des identités sociales et ethniques.
Règles
P3. Les poteries richement décorées avec investissement technique inhabituel se démarquent des fonctions des poteries communes tant sur le plan de la fabrication que sur le plan des modalités de diffusion et de consommation.
P4. Les poteries richement décorées remplissent en plus des fonctions domestiques des fonctions sociales en relation avec le mariage et font l’objet de dons.
P5. La fréquence des poteries spécifiques, richement décorées ou non, dans la plupart de concessions de l’ethnie exprime le statut ethnique de l’occupant alors que la relative rareté des poteries spécifiques richement décorées souligne le caractère de bien de prestige de ces poteries au niveau ethnique et social.
P6. Les variations des chaînes opératoires de montage dues aux diverses fonctions utilitaires et domestiques sont peu importantes. Par contre le contexte social introduit une variabilité significative : spécification du montage de la préforme face aux traditions étrangères et investissement décoratif important dans les poteries de mariages particulières au groupe ethnique.
Présentation du document revu et complété Corpus exhaustif des poteries (dessins)
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14. Gallay (A.) 2015. Leroi-Gourhan et l’ethnologie : gérer un héritage.
In : Soulier (P.) éd. André Leroi-Gourhan : « l’homme tout simplement« . Paris : de Boccard, 2015 (Travaux de la Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie, René Ginouvès, 20), p. 47-57.
Publication du colloque « L’homme tout simplement : mémoires et postérités d’André Leroi-Gourhan ». Grand auditorium de l’INHA. Paris, 5 et 6 avril 2013.
Relire un hommage datant de 1986.
Communication 1. Version longue de l’article, non publiée 2. Version longue de l’article, publiée
Leroi-Gourhan nous a donné l’envie et le goût de concilier ethnologie et préhistoire, mais il était difficile de définir un contenu clair pour cet objectif au delà du caractère empathique de notre adhésion à une vue unifiée de l’homme. Est-il possible d’aller plus loin ?
1. l’ethnologie selon Leroi-Gourhan
Il est possible de se faire une idée de la place de l’ethnologie dans les travaux de Leroi-Gourhan en collectant une série de remarques parsemant ses travaux et ses interviews et en relisant « Le geste et la parole ».
1.1. Fondements de l’anthropologie
L’ethnologie se définit par son objectif : appliquer à la connaissance de l’homme tous les moyens qui apparaissent comme efficaces et cela sur toute la profondeur du temps. La visée est à la fois ethnologique dans la compréhension de la diversité culturelle et anthropologique dans la reconnaissance de l’unité spécifique. Elle cherche à la fois pourquoi et comment les hommes vivent en société.
1.2. Tendance
Les caractéristiques générales des sociétés humaines, notamment dans le domaine technique, procèdent à la fois des contraintes universelles de la matière, du principe d’utilité et du conditionnement neurologique. Ces contraintes laissent néanmoins la place pour une certaine liberté.
1.3. Faits et styles : la question du comparatisme
Au vu de la diversité culturelle seule l’analyse empirique des faits archéologiques et le développement d’arguments logiques permet une compréhension interne des documents mis au jour. Dans ce contexte, l’utilisation de l’ethnologie est dangereuse, bien qu’elle soit inévitable.
1.4. Médiation : structures et symboles
Entre contraintes de la tendance et variabilité culturelle se présente une voie moyenne recourant à l’analyse structurale de larges séries de faits. Ces recherches permettent de comprendre des organisations de faits matériels transcendant les cultures, mais ne permettent pas d’accéder aux significations.
2. Relire « Le geste et la parole »
Dans « Le geste et la parole » Leroi-Gourhan recherche les fondements zoologiques de l’évolution culturelle et développe un discours se référant à trois paradigmes : une perspective organiciste, un démarche processuelle et une composante transformiste.
2.1. Le paradigme organiciste
Le paradigme organiciste s’oriente vers la recherche des fondements biologiques universels de la culture.
2.2. Le paradigme processuel
Le paradigme processuel organise en système les diverses composantes considérée comme névralgiques pour le développement de la culture selon une perspective utilitariste.
2.3. Le paradigme transformiste
Le paradigme transformiste met l’accent sur le développement unilinéaire de la culture du simple vers le complexe, notamment sous l’influence du développement technique.
3. Les questions en suspens
L’ethnologie de Leroi-Gourhan pose deux questions : la première concerne le statut épistémologique des explications données dans le cadre des faits techniques, du symbolisme graphique et des mécanismes d’évolution de la culture, la seconde l’utilisation du comparatisme en archéologie.
4. Gérer un héritage
Le dépassement de l’anthropologie de Leroi-Gourhan requiert une remise en cause de l’empirisme strict.
4.1. Une vue unifiée de l’explication dans les sciences humaines
Les explications développées par Leroi-Gourhan relèvent soit du modèle nomologique déductif, soit de l’explication structurale, soit de l’explication a posteriori. Il convient de reconnaître ces types d’explications, non comme des démarches contradictoires et incompatibles entre elles, mais comme autant d’étapes provisoires sur le chemin d’une compréhension des faits humains dans le sens des sciences de la nature. Le geste et la parole développe quant à lui l’idée d’un conditionnement biologique de l’évolution de la culture qui marginalise les données anthropologiques.
4.2. Gérer le comparatisme : l’ethnoarchéologie
L’ethnoarchéologie répond aux problèmes posés par Leroi-Gourhan. La discipline est fondée sur six principes :
1. Articuler scénarios et mécanismes selon le modèle des sciences de la nature.
2. Reconnaître le pouvoir explicatif provisoire de la raison des acteurs.
3. Reconnaître la pertinence d’un conditionnement biologique propre à l’Homo sapiens.
4. Reconnaître une voie moyenne d’investigation prenant en compte la variabilité culturelle.
5. Dans ce cas expliquer les faits sociaux par d’autres faits sociaux (Durkheim).
6. Reconnaître les fondements et l’utilité des interprétations concurrentes.
En conclusion, le tour d’horizon proposé montre la complexité des rapports que Leroi-Gourhan a entretenu vis-à-vis de l’ethnologie et le décalage existant entre ses premiers travaux de caractère ethnologique et le vision très naturaliste développée dans le « Geste et la parole ». Il montre également que son scepticisme face à l’utilisation de l’ethnologie en archéologie doit et peut être dépassé pour répondre aux difficultés qu’il a lui-même mises en évidence. Le préhistorien ne peut éviter le détour par l’anthropologie. C’est sur cette question qu’il convient désormais de réfléchir.
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15. Gallay (A.) 2014. Sion, Petit-Chasseur : a taste of Europe, and beyond.
In : Besse, (M.) éd. 2014. Around the Petit-Chasseur site in Sion (Valais, Switzerland) and new approches to the Bell Beaker culture. Proceedings of the international conference held at Sion (Switzerland) october 27th-30th, 2011. Oxford : Archeopress archaeology, 113-132.
Conférence introductive au colloque international « Autour du Petit-Chasseur ». Sion, 27 0ctobre 2011.
On présente le développement des théories proposées pour expliquer l’histoire du site funéraire et son fonctionnement à la fois religieux, social et politique.
1. Perspective historique
– Anati (1977) considère que le phénomène des statues-stèles trouve ses attaches, sinon son origine lointaine, en zone kourgane et présente, comme le propose Gimbutas (1973), une connotation indo-européenne. Son expansion en milieu alpin n’est pas en relation avec des mouvements de populations, mais révèle la diffusion d’une nouvelle idéologie.
– Gallay (1979) propose une analyse de la propagation de la céramique campaniforme en termes de réseaux de communications et distingue deux réseaux anciens liés à de la céramique fine de « prestige » (AOC et BB). Trois réseaux récents, recoupant partiellement l’horizon ancien au plan chronologique, sont liés à la diffusion de poteries domestiques. Ces derniers prennent le relai du concept de Rückstrom de Sangmeister (1963) et peuvent avoir une signification « ethnique ».
– Gallay (1981) explore les possibilités d’explication de l’apparition des cultures de l’âge du Bronze dans les Alpes. L’argumentation se développe selon un schéma qui annonce l’analyse logiciste en retenant un certain nombre d’alternatives hiérarchiquement ordonnées. Seule l’option « éleveurs nomades » est formellement rejetée alors que les sources sont jugées insuffisantes pour identifier le statut des nouveaux arrivants éventuels, contemporains du Campaniforme.
– Gallay (1986a) identifie un nouveau réseau de diffusion campaniforme orienté selon l’axe Rhin-Rhône et correspondant à une population distincte de celle qui occupe la nécropole du Petit-Chasseur. Dans cette perspective l’explication du phénomène campaniforme ne relève ni de l’invasion d’une population unique, ni d’échanges à longue distance de biens de prestiges.
– Gallay (1990) propose un modèle de l’apparition et du développement du Néolithique en Europe tenant compte de plusieurs concepts théoriques distincts : niches écologiques favorables, vague d’avance, frontières mouvantes ou stabilisées, classement néo-évolutionniste des sociétés, modalités d’expansion ou de concentration des populations.
– Gallay (2001) voit dans l’émergence des complexes campaniformes septentrionaux situés aux marges du Cordé l’origine des langues celtiques et italiques.
– Besse (2003) regroupe la céramique commune du Campaniforme, à l’exception de celle des Îles britanniques et de la Péninsule ibérique, en trois domaines géographiques : oriental, septentrional et méridional. Le complexe Rhin-Rhône et le Campaniforme du Petit-Chasseur sont intégrés dans le domaine méridional.
– Desideri, Eades (2004) montrent, sur la base de l’étude des caractère épigénétiques crâniens et dentaires, que les populations néolithiques de Suisse romande se répartissent en trois groupes : Néolithique moyen et final précampaniforme, Campaniforme du dolmen MVI et Campaniforme du dolmen MXI. Ces résultats militent en faveur d’un renouvellement de population au moins partiel au Campaniforme.
– Harrison et Heyd. (2007) proposent une réinterprétation de la séquence stratigraphique et événementielle du Petit-Chasseur. L’origine du phénomène des statues-stèles est située dans la culture nord-pontique de Yamnaya. Un unique alignement primitif de stèles, datant du Néolithique final et du début du Campaniforme et contemporain du dolmen MVI, aurait été détruit par des Campaniformes originaires d’Europe centrale pour servir à la construction des monuments les plus récents. – Cattin (2008) montre que le peuplement campaniforme de Suisse occidentale n’est pas lié à la mise en exploitation des minerais métalliques du Valais.
2. Sociétés et idéologies
– Selon Anati (1977) la structuration de l’iconographie des statues stèles en trois niveaux – figures solaires, armes et pectoraux, araires – se réfère à une idéologie d’origine indo-européenne.
– Gallay (1991) adapte le modèle de Brescia (Gallay 1990) aux rituels funéraires néolithiques. La nécropole du Petit-Chasseur résulte d’une longue évolution et s’intègre dans le dernier stade évolutif du modèle.
– Selon Gallay (1995a) l’intégration des stèles du Petit-Chasseur dans l’iconographie alpine permet de dégager au plan idéologique une équivalence entre soleil et cerf. Sur le plan social, le réemploi des stèles ne signe pas un épisode unique de destruction, mais rend compte d’un phénomène social complexe qui persiste durant toute l’occupation néolithique de la nécropole. L’érection de nouvelles stèles peut accompagner la mort naturelle d’un leader ou la consécration de son pouvoir politique. La destruction de la stèle peut signer la mort naturelle du leader ou sa mort « sociale ». Par contre d’autres indices parlent en faveur d’une société lignagère dont l’un des groupes de descendance pourrait se prévaloir de liens de filiation avec le soleil, ce qui milite en faveur d’un pouvoir politique héréditaire fort.
– Gallay (1995b) tente de dégager un premier modèle transculturel des sociétés mégalithiques en reconnaissant deux grands groupes de sociétés mégalithiques : les sociétés de rangs et les sociétés de classes. – Moinat et Gallay (1998) approfondissent le modèle 1990 centré sur le domaine funéraire Chamblandes et la nécropole du Petit-Chasseur en distinguant cinq phases dans le développement des rites funéraires du haut-bassin rhodanien.
– Saulieu (2004) présente une analyse structurale des représentations rupestres alpines. Les compositions monumentales et les statues-stèles ostentatoires alpines sont opposées aux représentations plus discrètes du Mont Bego comme expression de deux types distincts de sociétés.
– Gallay (2006) signe l’abandon des modèles néo-évolutionnistes anglo-saxons pour adopter un nouveau paradigme de compréhension comprenant une grille de classement des sociétés fondée sur une meilleure compréhension de la variabilité socio-politique et l’abandon d’un modèle évolutionniste préconçu (Testart 2005). Le mégalithisme se développe dans des sociétés très diverses fondées sur la richesse. En Europe on distingue chronologiquement : des sociétés à richesses ostentatoires, des sociétés lignagères, et des démocraties primitives.
– Gallay (2007) présente, dans une perspective logiciste, 73 propositions pour rendre compte des sociétés alpines et périalpines du 3ème millénaire av. J.-C.
– Gallay (2007) applique à l’évolution des rites funéraires du haut-bassin rhodanien la grille de Testart (2005) et retient l’hypothèse de la présence, dans le haut-bassin rhodanien, en Tarentaise et en Maurienne, d’une communauté alpine exploitant les roches vertes et liée aux cistes de type Chamblandes.
– Gallay (2010) analyse au plan ethnologique le concept de bien de prestige. La seule définition possible est d’ordre fonctionnel, ce qui pose certaines difficultés pour son identification au plan archéologique.
3. Un bilan
Les travaux d’Anati (1977) et de Sangmeister (1963) restent des travaux pionniers pour comprendre la nécropole du Petit-Chasseur.
1. La propagation des statues-stèles s’insère bien dans la dynamique des populations du nord de la mer Noire, que ces dernières soient considérées comme indo-européennes ou non. Les données épigénétiques du Petit-Chasseur révèlent de leur côté une nette continuité biologique du peuplement qui contraste avec ces changements culturels et idéologiques.
2. L’interprétation des changements introduits par le Campaniforme pose plus de problèmes. Tous les auteurs insistent sur l’idée que le complexe campaniforme, au moins dans sa première phase d’expansion depuis les centres d’origines méridionaux, ne revèle pas de mouvements de populations importants et illustre un phénomène avant tout idéologique et politique (Harrison, Heyd 2007). Par contre l’idée que l’histoire des peuplements repose d’abord sur l’études des céramiques communes nous paraît une hypothèse de travail que l’on ne peut écarter. L’étude des caractères épigénétiques apportent la preuve d’un renouvellement du peuplement valaisan au moment du Campaniforme qui ne peut être que partiel. Dans cette optique l’hypothèse proposée par Harrison et Heyd confirme l’importance des apports centre-européens dans l’histoire de la nécropole, mais repose sur une interprétation contestable de la séquence.
3. La nature des sociétés qui ont occupé la nécropole pose certainement le plus de problèmes. Le modèle proposé pour expliquer le réemploi des stèles est une pièce importante du dossier, mais le recours à ce type de pratique comme élément de compréhension du fonctionnement social dépend du maintien du schéma classique de l’histoire du site. Sur un plan plus général nous savons aujourd’hui que les modèles néo-évolutionnistes anglo-saxons, ainsi que les concepts anthropologiques qui leur sont associés, ne constituent qu’une caricature grossière de la réalité reposant sur un savoir anthropologique plus qu’élémentaire. Les archéologues doivent devenir des ethnologues et les ethnologues doivent s’ouvrir aux questions des archéologues.
La version française de l’article
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16. Gallay (A.) 2014. The chronology of the Petit-Chasseur cemetery (Sion, Valais) : a reply to Richard Harrison and Volker Heyd.
In : Besse, (M.) éd. 2014. Around the Petit-Chasseur site in Sion (Valais, Switzerland) and new approches to the Bell Beaker culture. Proceedings of the international conference held at Sion (Switzerland) october 27th-30th, 2011. Oxford : Archeopress archaeology, 17-23.
Colloque international « Autour du Petit-Chasseur ». Sion 27-30 septembre 2011
En nous astreignant à la lourde tâche de publier de façon détaillée l’ensemble de la documentation des fouilles menées par O.-J. Bockberger, puis nous-même, sur la nécropole du Petit-Chasseur nous voulions mettre à la disposition des préhistoriens l’ensemble des données sur lesquelles nous nous étions appuyé pour proposer une histoire cohérente et vraisemblable de cette nécropole de la fin du Néolithique.
Richard Harrison et Volker Heyd (Praehistorische Zeitschrift 2007, 82, p.129-214) ont récemment proposé une analyse très complète de la séquence du Petit-Chasseur qui contredit fondamentalement nos conclusions.
Cet article est une réponse circonstanciée aux propositions de ces deux chercheurs et une réfutation de leurs thèses qui nous paraît confirmer la pertinence de notre première analyse. Les évidences stratigraphiques montrent en effet que les stèles ne constituaient pas un alignement unique en relation avec le dolmen MVI, comme avancé par ces deux auteurs, mais bien une longue séquence d’érections successives englobant l’ensemble de l’histoire de la nécropole jusqu’au début du Bronze ancien.
MVIIetVIIIx
Nécropole du Petit-Chasseur Article version française
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17. Gallay (A.) 2014. La diffusion de la céramique dans la plaine du Séno en Pays dogon (Mali): un modèle pour une économie à marchés périphériques ?
In : Bullinger, J., Crotti, P., Huguenin, C. éds. 2014. De l’âge du Fer à l’usage du verre : mélanges offerts à Gilbert Kaenel, dit « Auguste », à l’occasion de son 65ème anniveraire, 89-98.
On présente les modalités de diffusion de la céramique chez les potières de trois groupes de forgerons de la plaine du Séno, en Pays dogon (Mali), les Jèmè na (traditions céramiques B1 et B2), les Jèmè Yélin (traditions céramiques C1 et C2) et les forgerons des Dafi (tradition céramique C2).
Alors que les distances parcourues entre les villages et les marchés restent d’amplitudes très comparables d’une tradition à l’autre, on constate que les potières de tradition B2 vendent beaucoup moins fréquemment leurs poteries sur les marchés que les autres potières.
Cette situation, caractéristique du Dinangourou, une région connue pour un traditionalisme particulièrement marqué, illustrerait une situation « ancestrale » dans laquelle la diffusion de la céramique répond plus particulièrement à des relations de clientélisme entre « nobles » et familles de forgerons, alors que les traditions B1 et C illustreraient une situation classique d’économie à marchés périphériques que l’on peut considérer comme « dérivée » dans la perspective évolutionniste du cladisme (Voir http://www.archeo-gallay.ch/7a_Lectures17.html et http://www.archeo-gallay.ch/7a_Lectures13.html).
La diffusion de la ceramique dans la plaine du Séno en Pays Dogon (Mali)
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18. Gallay (A.) 2014. Une vue intégrée de l’explication dans les siences humaines
In : Arbogast, R.-M., Greffier-Girard, A. éd. 2014. Entre archéologie et écologie, une préhistoire de tous les milieux : mélanges offerts à Pierre Pétrequin. Besançon : Presses universitaires de Franche Comté (Annales littéraires de l’Université de Franche Comté), 427-443.
Une vue intégrée de l’explication dans les sciences humaines
Cet article explore la signification du terme « explication » utilisé en analyse logiciste pour dénommer la partie terminale d’une construction, un terme qui recouvre des notions épistémologiquement hétérogènes.
L’opposition entre mécanismes, scénarios et régularités permet d’ordonner les divers sens donnés à ce terme par les théories ethnologiques.
Mécanismes
On peut distinguer du côté des mécanismes et du modèle nomologique déductif l’idéal du Durkheim, de caractère prédictif.
Régularités
Du côté des régularités se place l’explication structuraliste de Lévi-Strauss, pour peu qu’on la débarrasse de la connotation idéaliste du fondement inconscient.
Scénarios
Le pôle des scénarios regroupe les types d’explications a posteriori. On y découvre en premier lieu, lié au principe de contingence, l’explication historique.
Les explications fonctionnalistes relèvent de leur côté de plusieurs domaines qui concernent aussi bien les sciences de la nature que les sciences humaines. Nous retiendrons ici trois exemples : le fonctionnalisme biologique relevant de la notion d’adaptation, le fonctionnalisme technique de Leroi-Gourhan et le fonctionnalisme social de Malinowski.
Enfin l’explication par la raison des acteurs relève à la fois de l’explication historique et des limites de l’interprétation fonctionnaliste dans la mesure où sa compréhension peut faire intervenir la notion d’espérance d’utilité.
Cette dissolution dans un modèle général montre que l’épistémologie que nous avons développée a un vrai pouvoir de généralisation et permet de relativiser les clivages traditionnels séparant les approches disciplinaires. Le but ultime de la connaissance reste de se conformer au modèle nomologique déductif, mais d’autres types d’explications moins exigeantes sont également recevables comme autant d’étapes provisoires sur le chemin de la connaissance.
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19. Gallay (A.) 2013. Les armes dans les eaux : esquisse d’une problématique d’analyse
Texte initialement prévu pour : Testart, A. ed. Les armes dans les eaux. Paris : Errance, 2013, mais non publié dans le volume.
Trouver une ou plusieurs explication(s) à la présence d’armes dans les eaux pendant la préhistoire et la protohistoire est un problème délicat pour lequel il ne semple pas exister aujourd’hui de réponse satisfaisante faisant l’unanimité.
Notre propos n’est pas de proposer une solution à cette question, mais d’esquisser une problématique d’analyse qui permette de tenir compte de l’ensemble des données et des opinions émises sur le sujet. Pour cela nous sommes parti, sans a priori, de ce qui a été dit ou écrit lors des deux rencontres de Bibracte organisées par Alain Testart (24-25 février et 26-27 mai 2011) et publié dans quelques articles fondamentaux évoqués à cette occasion.
Nous nous fonderons pour cela sur un corpus de propositions qui, nous l’espérons, rend compte le plus objectivement et le plus exhaustivement possible des opinions des divers participants et qui figurera en annexe de ce texte.
Principes d’analyse
On peut organiser l’analyse logiciste du phénomène des armes dans les eaux en quatre niveaux assurant la liaison entre les observations et les interprétations, que se soit dans le sens empirico-inductif des observations aux interprétations (de P0 vers P3) ou dans le sens hypothético-déductif, des interprétations aux observations (de P3 vers P0).Le niveau le plus inférieur regroupe l’ensemble des observations archéologiques mobilisées, mais également des données externes facilitant l’interprétation ainsi que des définitions précises des termes jouant un rôle central dans l’interprétation.
1. Niveau des propositions P0
Observations
Le niveau P0 réunit en premier lieu les observations fondamentales. Sur le plan archéologique on distinguera les propriétés intrinsèques des corpus : types d’objets, états des objets, et les propriétés extrinsèques : types de gisements, contexte naturel des dépôts, contexte topographique, association entre objets (armes et autres vestiges), structures de complémentarités géographiques (eaux / terre, région a / région b) ou fonctionnelles (eaux / funéraire terrestre).
Référentiels externes
Il convient également de rattacher à ce premier niveau P0 les « comparaisons » qui sont habituellement mises en avant pour interpréter les vestiges. Sur la question qui nous occupe ici les principaux référentiels externes sont avant tout des textes antiques évoquant des pratiques liées aux armes ainsi que certains documents iconographiques de l’époque. Les référentiels ethnologiques sont par contre, on le verra, peu sollicités. L’argumentation géologique reste également très pauvre du fait du caractère le plus souvent accidentel des découvertes et de la rareté de fouilles consacrées au milieu aquatique dans ce type de question, les sites de La Tène et de Cornaux-les-Sauges (Suisse), d’Illerup (Danemark) et de la vallée de Tollense (Allemagne) faisant exception.
Définitions
Le niveau P0 regroupe enfin les définitions des termes sensibles : don, offrande, sacrifice, ex-voto, votif, dépouille, trophée, butin.
2. Niveau des proposition P1 : actes
Au niveau des P1 se concentrent sous le terme « actes » les informations que l’on peut qualifier de taphonomiques. Il correspond à l’identification de certaines actions d’origine humaine et doit tenir compte également des processus taphonomiques ayant modifié les propriétés du corpus (variations topographiques du cours des eaux, inondations, tsunami, érosion, sédimentation, etc.). Ce n’est qu’après avoir évalué les modifications apportées au corpus par l’histoire du contexte naturel qu’il est possible d’identifier les actions d’origine humaine. Ce niveau reste particulièrement difficile à cerner dans un corpus composé pour la plus grande partie de trouvailles isolées provenant de pêches occasionnelles ou de dragages. C’est pourquoi il est fréquent qu’on doive le déduire des hypothèses formulées sur les pratiques proposées au niveau P2, ce qui contredit la logique de l’argumentation et explique la flèche de sens inverse du schéma de la figure 1.
3. Niveau des propositions P2 : pratiques
Le niveau P2 doit admettre une certaine généralité des actes identifiés au niveau P1 et correspond aux hypothèses explicatives H1 à H6 proposées par Alain Testart lors des rencontres de Bibracte (figure 2).
4. Niveau des propositions P3 : sens
Le dernier niveau P3 se veut une expertise sur le sens à donner aux pratiques identifiées, c’est à dire sur la finalité de ces dernières par rapport aux perspectives économiques, sociales, politiques ou religieuses. Nous suivons ainsi les préceptes de Durkheim (1895) pour qui la nature et l’origine d’une pratique sociale (niveau P2) doivent être distinguées de leur finalité dans le sens fonctionnaliste du terme (niveau P3). Ce niveau dépend de l’accord que l’on peut dégager au sujet des pratiques, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
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20. Gallay (A.) 2013. Biens de prestige et richesse en Afrique de l’Ouest : un essai de définition.
In : Baroin, C., Michel, C. éds. 2013. Richesse et sociétés. Colloques de la Maison de l’Archéologie et de l’ethnologie René Ginouves, 9. Paris : de Boccard, 2013, 25-36.
ATTENTION ERRATA : une erreur dans la figure 2 s’est glissée au cours de la relecture des épreuves.
Flèche horizontale de gauche : lire « prédation » à la place de « précaution » (figure corrigée ci-dessous).
Cet article est le prolongement de l’article publié dans les actes du colloque de Yenne sur la notion de bien de prestige :
GALLAY, A. 2010. Une approche anthropologique de la notion de bien de prestige. Numéro spécial consacré aux Actes du 12ème colloque sur les Alpes dans l’Antiquité (Yenne, Savoie, 2-4 octobre 2009). Bulletin d’études préhistoriques et archéologiques alpines (Aoste), 21, 29-44.
Il reprend et approfondit la question de la définition de la notion de bien de prestige en ciblant des exemples pris dans les sociétés précoloniales ouest-africaines et en utilisant notamment l’étude effectuée par Claude Meillassoux sur les Gouro de Côte d’Ivoire : MEILLASSOUX, C. 1964. Anthropologie économique des Gouro de Côte d’Ivoire : de l’économie de subsistance à l’agriculture commerciale. Paris : Mouton.
Liste des propositions
Pragmatique : les critères du sens commun
P. 1. En archéologie un bien de prestige est défini par une série de caractéristiques intrinsèques. Leur présence simultanée n’est pas nécessaire à la reconnaissance d’un bien de prestige. Une seule peut, à la limite, suffire.
Sémantique : approche anthropologique
Typologie des organisations de production
P. 2. Il n’existe pas de liens bi-univoques entre spécialisation de la production et bien de prestige.
Définition des concepts
P. 3. On peut définir dans le monde II, au delà de la possessions de biens d’usage courant (biens communautaires et marchandises), trois types de biens liés à la genèse des inégalités : la richesse, les biens de prestige et les biens ostentatoires.
P. 4. Sur le plan fonctionnel un bien de prestige se distingue d’une marchandise, d’une monnaie et/ou, sous condition, d’une monnaie de commodité dans la mesure où sa signification n‘est pas indépendante des partenaires qui le possèdent, le manipulent ou l’échangent.
P 5. Sur le plan fonctionnel un bien de prestige est une monnaie de commodité ou un bien de caractère ostentatoire.
Typologie des transferts
P. 6. La seule définition nécessaire et suffisante d’un bien de prestige est d’ordre fonctionnel et relève de son intégration dans des échanges non marchands, des dons ou dans des transferts de troisième type.
Les sociétés pour lesquelles la notion de bien de prestige a un sens
P. 7. Les biens de prestiges sont associés au fonctionnement du monde II de Testart, soit aux sociétés à richesses ostentatoires, aux sociétés semi-étatiques (sociétés lignagères et démocraties primitives) et aux société étatiques royales.
Modèle : une perspective structurale
P.8. Un modèle général illustrant le fonctionnement des biens de prestiges distingue une zone centrale de thésaurisation ostentatoire où les biens de prestige restent stockés d’une zone où ils peuvent être transférés lors d’échanges non marchands et de transferts de troisième type dans un contexte relevant du social.
P.9. Le modèle est complété par deux types de transferts impliquant l’aliénation, la perte ou la destruction des biens de prestige : les transferts à connotation politique résultant de dons ou de dotations funéraires et les transferts de nature religieuse, offrandes et sacrifices. Ces types de transferts impliquent également des biens d’usage courant.
P. 10. A tout moment les biens peuvent sortir des circuits marchands pour se transformer en biens de prestige (perte de la valeur d’usage et acquisition d’une valeur de signe). A l’inverse ces derniers peuvent entrer ou ré-entrer dans le réseau marchand (perte de la valeur de signe et acquisition d’une valeur d’usage).
Scénarios : l’intégration factuelle
P.11. L’application du modèle à une société africaine particulière, les Gouro de Côte d’Ivoire, illustre la pertinence du modèle en permettant de dégager trois types de biens : les biens communautaires, les biens liés à la richesse et les biens de prestige.
P.12. La notion de biens de prestige ostentatoires ne se développe que dans les sociétés royales forestières à l’exemple des royaumes d’Abomey et du Bénin.
Conclusions
P13. La définition d’un bien de prestige comme bien impliqué dans des échanges non marchands sensu lato reste insuffisante puisque les monnaies dites de commodité remplissent le même rôle.
P14. Une première définition plus restrictive du bien de prestige pourrait alors ne concerner que les seuls biens faisant l’objet de dons.
P15. Une seconde définition plus restrictive du bien de prestige pourrait alors ne concerner que les biens faisant l’objet d’une ostentation.
P16. Dans tous les cas la définition recherchée devrait s’astreindre à limiter les explications fonctionnalistes de type finaliste pour se concentrer sur les mécanismes des modalités de transfert et la nature des biens impliqués dans ces mouvements.
P17. Dans tous les cas la définition recherchée devrait éviter d’utiliser la raison des acteurs comme principe explicatif.
Tableau 1. Gouro (Côte d’ivoire). Catégorisation des biens faisant l’objet de divers types de transferts.
Vu depuis l’Afrique de l’Ouest Article version longue
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21. Gallay (A.) 2013. Approche cladistique et classification des sociétés ouest-africaines : un essai épistémologique.
Journal des Africanistes (Paris), 82, 1-2. 2013, p. 209-248.
L’article s’articule en trois volets :
1. On rappelle d’abord ce qu’est l’analyse cladistique en donnant les raisons qui nous permettent de proposer une adaptation de cette méthodologie à l’anthropologie.
2. On tente d’appliquer cet outil à l’évolution des sociétés wolof du Sénégal, à partir du livre d’Abdulai-Bara Diop, « La société wolof, tradition et changement : les systèmes d’inégalité et de domination » (1981), qui fournit une information de première importance sur la nature des sociétés mégalithiques sénégambiennes sur lesquelles nous travaillons.
3. On confronte ces résultats à ce que nous pouvons dire aujourd’hui des sociétés ouest-africaines précoloniales. Cette comparaison de deux classifications effectuées à des échelles géographique différentes permet de tester les mérites et les limite du type d’approche. Trois grands ensembles se dessinent, que nous nommons ici sociétés de prestige, sociétés proto-étatiques segmentaires et sociétés étatiques de classes. L’embranchement des sociétés dites lignagères sensu stricto reste, selon les principe de la cladistique, un stade hypothétique qu’aucune source historique ne permet d’identifier concrètement. Les classifications obtenues sont des « modèles », soit des régularités structurales insistant sur la dynamique de transformation des caractéristiques. En tant que régularités, les modèles obtenus peuvent déboucher sur une analyse anthropologique des mécanismes assurant la transformation des sociétés ou, à l’opposé, s’actualiser dans des scénarios historiques locaux relevant d’approches historiques ciblées.
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22. Gallay (A.) 2012. Utilisation de la céramique d’origine somono et peul chez les pêcheurs bozo du Delta intérieur du Niger (Mali).
Afrique, Archéologie, Arts, 8, 2012, p. 45-84.
Etude initialement prévue dans le cadre de l’ANR non retenue : « Emergences et dynamiques culturelles de la poterie, approche anthropo-archéologique ». Pré-projet présenté par Alain Testart et Geoffroy de Saulieu..
Les Bozo sont des pêcheurs semi-nomades du Delta intérieur du Niger (Mali) ne possédant pas de potières.
La présente étude analyse les conditions d’acquisition et d’utilisation par cette ethnie d’une céramique d’origine extérieure, somono et peul, dans le cadre de la vie domestique journalière et de l’extraction et conservation de l’huile de poisson.
Elle permet de réaliser un modèle de diffusion de la poterie utilitaire au sein d’une population économiquement spécialisée dans le contexte d’une économie à « marchés périphériques » et d’une situation de proto-urbanisation.
Des établissements d’une grande variété
Un corpus de 738 poteries enquêtées devrait permettre de répondre, au moins partiellement, aux questions suivantes :
– Quelle est l’origine « ethnique » des poteries utilisées par les Bozo et quel en est le mode d’acquisition (achat direct, achats sur les marchés) ?
– Existe-t-il des différences entre les inventaires céramiques des Bozo et des Somono ?
– Quels sont les types de récipients plus directement liés au traitement et à la consommation du poisson. Existe-t-il notamment des récipients spécifiques pour l’extraction de l’huile de poisson et sa conservation (grandes jarres distinctes des jarres utilisées pour la conservation de l’eau) ?
– Ces récipients sont-ils spécifiquement d’origine somono ou, autrement dit, peut-on exclure une origine peul pour ces derniers ?
– Existe-t-il des différences dans les inventaires céramiques des concessions entre établissements permanents et temporaires ?
– Quels types de récipients sont-ils particulièrement liés aux établissements temporaires ?
Et accessoirement :
– Dans quels types d’établissements se rencontrent les fours de terre pour le fumage du poisson ?
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23. Gallay (A.) 2013. Les fondements théoriques de l’ethnoarchéologie vus à travers une pratique africaine
In : Lugli, F., Stopiello, A.A., Biagetti, S. éds 2013. Ethnoarchaeology : current research and field methods. Conférence proceedings, Rome, Italy, 13th – 14th may 2010. BAR, International series 2472, p. 18-23.
Une théorie de l’ethnoarchéologie doit tenir compte de trois faits fondamentaux :
1. La reconnaissanc de la question posée par la volonté des acteurs dans toutes les sciences humaines.
2. La reconnaissance du caractère polyvalent des explications dans les sciences impliquant une perspective historique.
3. La reconnaissance de la nécessité de construire des langages scientifiques (LS) distincts des langages (LN) développés par les acteurs.
5 ème conférence italienne sur l’ethnoarchéologie. 5 ° Convegno italiano di Ethnoarcheologia.
Les fondements théoriques de l’ethnoarchéologie vus à travers une pratique africaine.
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24. Gallay (A.) 2012. Pour une problématique des têtes coupées
Préface de Boulestin, B., Henry Gambier, D. 2012. Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interprétation en archéologie. Actes de la table ronde pluridisciplinaire, musée national de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne, France), 14-16 octobre 2010. BAR.
Nous exposons, sur la base des communications du colloque des Eyzies, ce que pourrait être une problématique générale d’analyse des têtes coupées intégrant archéologie, ethnologie et ethnohistoire dans le but de construire une anthropologie générale du phénomène.
SÉMANTIQUE
La première question qui se pose à ce sujet est la question des définitions des termes que nous utilisons pour rendre compte, au plus haut niveau interprétatif, de nos découvertes archéologiques. Nous sommes ici dans le domaine de l’actualisme car seules des disciplines comme l’ethnologie et l’histoire peuvent nous fournir la matière nécessaire pour une telle réflexion.
PRAGMATIQUE : LA CONSTRUCTION DES INTERPRÉTATIONS
La pragmatique s’oppose à la sémantique évoquée ci-dessus en ce qu’elle s’intéresse aux modalités permettant de passer des vestiges archéologiques à des concepts interprétatifs qui relèvent du fonctionnement sociétal et culturel.
PERSPECTIVES
Nous ajouterons pour conclure quelques remarques sur les perspectives ouvertes par la problématique de ce livre. La première concerne la relation possible entre certaines pratiques tournant autour de la tête et certains types de civilisations. Nous nous baserons ici sur le classement proposé par Alain Testart (2005) pour ouvrir ce débat. L’analyse proposée ci-dessus concerne essentiellement une organisation structurale et typologique des faits anthropologiques et archéologiques. Nous ne pouvons terminer sans mentionner deux autres types d’approches, complémentaires, faisant partie du jeu. La première concerne l’explication des phénomènes observés et relève de la seule anthropologie sociale et culturelle. A l’opposé nous devons également rencontrer l’histoire car notre documentation, tant anthropologique qu’archéologie s’inscrit toujours dans le changement.
Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête.
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25. Gallay (A.) 2012. Anthropologie, ethnohistoire, ethnoarchéologie et archéologie du fer : quelle place accorder au discours des acteurs ?
In : Martinelli, B., Robion, C. éds. 2012. Métallurgie du fer et sociétés africaines. Colloque d’Aix en Provence (Aix en Provence, 23-24 avril 2010). Oxford : Archaeopress, (coll. « BAR, International series »), 245-258.
L’histoire de la métallurgie du fer en Afrique est typiquement un sujet qui implique des disciplines très diverses, physico-chimie de la métallurgie, anthropologie sociale et culturelle, ethnohistoire, ethnoarchéologie, archéologie expérimentale et archéologie. Cette hétérogénéité des paradigmes disciplinaires pose un problème essentiel, celui de l’intégration des données dans une formulation d’ensemble cohérente répondant aux objectifs posés. Cette question est à la fois théorique et pratique. Cette communication aborde les conditions épistémologiques et théoriques nécessaires au succès d’une telle approche et la place que le discours des acteurs tient dans cette confrontation.
Au delà des paradigmes disciplinaires se dessinent trois niveaux d’intégration supérieurs posant chacun des problèmes épistémologiques communs.
Niveau 1. Particularités propres aux sciences humaines par opposition aux sciences de la nature
On peut montrer que les sciences de l’Homme partagent entre elles un certain nombre de particularités qui les distinguent des sciences de la Nature notamment au niveau de la place qu’occupe le discours des acteurs dans ces disciplines.
Niveau 2 : Nature de l’explication
Toutes les disciplines d’observation analysant des phénomènes complexes se déroulant dans le temps se situent toujours au sein d’une opposition entre des processus récurrents généraux, sinon toujours universels, appelés ici mécanismes et des phénomènes diachroniques irréversibles relevant de l’histoire, appelés ici scénarios.
Niveau 3 : nature des langages de la description et de l’explication
Cette confrontation est absolument nécessaire pour aborder, au plus haut niveau, la nature des langages utilisés dans nos constructions scientifiques et de préciser la place du discours des acteurs (scientiques extérieurs et/ou partenaires locaux) dans la construction d’un savoir de ce type. On distinguera donc ici langage naturel (LN) et langage scientifique (LS) en laissant de côté la question des langages documentaires. La langue naturelle (LN) concerne aussi bien les discours du sujet d’une étude que notre propre pratique discursive du langage. La langue scientifique (LS) est le langage élaboré dans le cadre de la compréhension en profondeur des phénomènes (humains et/ou naturels) dont la forme la plus aboutie est celle du logicisme. L’utilisation d’un LS permet d’étudier la réalité sans se référer aux intentions actionnelles des agents comme la linguistique saussurienne l’avait établi au niveau de l’étude de la langue en opposant langue et parole.
On montre que le discours « naturel » des acteurs ne peut répondre sous sa forme brute aux visées d’une démarche scientifique car :
1. il ne répond pas aux mêmes objectifs,
2. il ne se conforme pas toujours aux exigences du cycle prédiction-validation,
3. ses catégories mentales ne sont pas, selon Edelman, des catégories classiques au sens logique du terme.
Ces questions théoriques sont illustrées à travers deux questions pratiques auxquelles nous ne donnons pas le même type de réponse :
1. Quelle place accorder dans nos constructions scientifiques aux classifications indigènes des artéfacts relevant de la production technique (outils, poteries, etc.) ?
2. Quelle place accorder aux catégories identitaires revendiquées (lignages, castes, « ethnies », etc.) ?
Aix-en-Provence 23-24 avril 2010 FR Aix-en-Provence 23-24 april 2010 ENG
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26a. Gallay (A.). Hommage à Adrien Jayet.
26b. Gallay (A.). La station magdalénienne de Veyrier (Etrembières) et la découverte de l’art paléolithique.
In : Serralongue, J., ed. 2012. La Haute Savoie durant la préhistoire : 40.000 – 5.500 av. J.-C. Annecy : Direction des affaires culturelles du Conseil général de la Haute-Savoie (Culture 74, collection d’ouvrages 8), 9-12 et 79-84.
La découverte de l’art du Paléolithique supérieur au cours du 19ème siècle a été une longue aventure dans laquelle il est possible de déceler plusieurs étapes : découverte d’objets décorés en os ou en bois de renne tout d’abord, identification des gravures et reconnaissance du caractère ancien des représentations, le plus souvent animales, présentes sur certains d’entre eux ensuite, enfin premières réflexions sur la signification des représentations, stimulées par la découverte, plus tardive, de l’art rupestre des cavernes et la reconnaissance de son authenticité. L’histoire de la découverte et de l’identification des gravures ornant les bâtons à trou de Veyrier illustre parfaitement ce processus complexe.
Une évocation des Magdaléniens de Veyrier par André Houot
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27. Gallay (A.) & Huysecom (E.), Mayor (A.), Gelbert (A.) collab. 2012. Potières du Sahel : à la découverte des traditions céramiques de la Boucle du Niger. Gollion : Infolio.
Ouvrage paru en février 2012 faisant le bilan des recherches ethnoargéologiques dans la Boucle du Niger, Delta intérieur et Pays dogon.
En 1964, Germaine Dieterlen, éminente collaboratrice de l’ethnologue Marcel Griaule, nous déléguait au Mali pour assurer, dans ces premières années à la fois difficiles et exaltantes de l’Indépendance de ce pays, une présence scientifique « française » au sein de ce qui avait été une antenne de l’IFAN de Dakar (Institut français d’Afrique noire, devenu depuis lors Institut fondamental d’Afrique noire), le petit musée de l’arboretum de Bamako. Jeune chercheur, nous nous trouvions pour la première fois immergé seul dans un pays totalement inconnu que nous mettrons plusieurs années à apprivoiser. Les marchés de Bamako, comme c’est le cas encore aujourd’hui, accueillaient des potières, issues notamment de l’atelier bambara de Kalabougou près de Ségou. Elles venaient vendre leur production dans la capitale. Les étalages étaient spectaculaires et le passionné d’ethnologie que nous étions s’était dit alors qu’il y avait là une formidable opportunité d’étude et que le sujet permettrait sans doute de mieux comprendre la signification des collections de céramiques archéologiques dont nous venions de découvrir la richesse, tant à l’IFAN de Dakar qu’au musée de Bamako.
Il aura fallu attendre près de 25 ans, et deux courtes expériences préliminaires dans l’étude de céramiques traditionnelles, en 1965, en compagnie de l’ethnologue Claude Meillassoux dans les villages soninké de Mourdiah et Goumbou, puis en 1976 en compagnie de Claudine Sauvain-Dugerdil au Sarnyéré dogon, pour que cette opportunité, trop rapidement entrevue, prenne réellement corps.
On peut consulter ici les conclusions de cet ouvrage où nous précisons les options théoriques et pratiques qui ont présidé à ces recherches.
On trouvera une applcation des modèles actualistes développés dans cette monographie dans :
Mayor, A. 2005. Traditions céramiques et histoire du peuplement dans la Boucle du Niger (Mali) au temps des empires précoloniaux. Genève : Université de Genève (thèse de la Faculté des sciences n° 3686). 2 vol.
qui est sorti de presse en 2011 dans la sous-série monographique du Journal of African Archaeology consacrée à la publication des résultats du programme de recherche « Peuplement humain et évolution paléoclimatique en Afrique de l’Ouest ».
Préface de la monogaphie d’Anne Mayor à laquelle vous avez échappé.
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28. Gallay (A.) 2011. Autour du Petit-Chasseur : l’archéologie valaisanne au fil du temps . Paris : Errance.
Avec la collaboration d’ A. Benkert, M. Besse, F. Cattin, C. Crivelli, P. Curdy, J. Desideri, A. Gottraux, F. Mariéthoz, M. Mottet, G. Perréard, M. Piguet, M. Sartori, S. Viola, et F. Wiblé.
Nous avons fêté en 2011 le 50ème anniversaire de la découverte du Petit-Chasseur. Nous avons prévu dans ce cadre, entre autres évènements, une exposition au Musée d’Histoire du Valais sur l’évolution des problèmatiques archéologiques. A cette occasion, un catalogue a été édité sous la direction d’Alain Gallay et Philippe Curdy aux éditions Errance. Nous y passons en revue l’évolution des problématiques et des méthodes archéologiques qui ont largement contribué à enrichir notre connaissance du plus lointain passé de cette vallée alpine.
Nous avons distinguer cinq périodes dans le développement des recherches.
1. La première est consacrée aux origines de la préhistoire valaisanne.
2. La seconde correspond à l’essentiel de l’activité du professeur M.-R. Sauter en Valais et couvre la période allant de 1942 à la découverte, en 1961, de la nécropole du Petit-Chasseur à Sion.
3. La troisième couvre les fouilles du Petit-Chasseur et la période consacrée à la publication de ce site, soit les années 1961 à 1983 et correspond à l’activité d’O.-J. Bocksberger, le premier responsable des fouilles de la nécropole, puis à nos propres recherches, une lourde responsabilité que nous assumerons à notre tour, suite au décès de notre collègue en 1971.
4. La quatrième va de 1983 à 1987. Elle correspond à un élargissement des problématiques de recherches à l’espace montagnard et à l’arrivée sur la scène valaisanne d’une nouvelle génération de chercheurs, issue notamment de l’Université de Genève.
5. La dernière enfin, de 1987 à 2010, est marquée par le prolongement d’études ciblées sur le Néolithique en Valais, notamment des fouilles programmées sur des sites néolithiques comme le Château de La Soie (programme dirigé par J.-L. Voruz et D. Baudais) et par des projets de prospections et de fouilles en altitude (extension des modèles de peuplement à l’ensemble de la préhistoire valaisanne). On notera surtout à cette époque le développement des fouilles de sauvetage liées aux grands travaux (Gamsen).
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29. Gallay (A.) 2011. Pour une ethnoarchéologie théorique : mérites et limites de l’analogie ethnographique. Paris : Errance (paru en juillet 2011)
Bréonaz, août 2009.
Nous n’avons plus le temps ni les moyens institutionnels pour mener notre tâche à bien. Au fil de notre carrière nous avons voulu concilier le terrain et la réflexion théorique. Les deux aspects de la recherche nous paraissaient indissociables. Sur le terrain, au Mali, avec Eric Huysecom à qui l’on doit le succès de ces difficiles missions, nous avons conduit de longues recherches sur la poterie traditionnelle de la boucle du Niger et du Pays dogon. Quelques travaux ont été publiés mais de multiples données recueillies restent aujourd’hui inexploitées. Quelques pistes ont été ouvertes. Notre quête a donc quelque chose d’inachevé mais toute poursuite d’un objectif quelque peu ambitieux est destinée à se trouver dans cette situation inconfortable du fait des alea de la vie.
Figure. Position des trois pôles des sciences humaines par rapport à l’opposition entre science et histoire. Ce schéma permet d’intégrer les diverses modalités de l’interpréttion proposées en ethnologie, sociologie et en histoire avec par exemple Durkheim pour le pôle naturaliste, Lévi-Strauss pour le pôle symbolique, Leroi-Gourhan et Malinowski pour le pôle intentionnaliste-fonctionnaliste.
Ce livre n’est pas destiné à poursuivre ces objectifs thématiques enracinés dans la vie quotidienne de l’Afrique mais il donne pour la première fois une vue d’ensemble de la problématique théorique que nous avons pu construire pas à pas, grâce à ce travail de terrain, à de nombreuses lectures et nombre de contacts fructueux avec certains de nos collègues, nous pensons notamment à Jean-Claude Gardin dont le titre de notre essai paraphrase l’un de ses livres.
Cette synthèse fournit les moyens conceptuels qui pourraient permettre de poursuivre le jeu… si cela tente quelqu’un. Il était essentiel, par ce regard rétrospectif, de nous assurer de la cohérence de notre réflexion. Peut-être sera-t-elle utile à ceux qui réfléchissent sur les sciences de l’homme. Malgré la difficulté du texte, ce dont nous sommes conscient, ce livre tente donc de présenter la genèse et les fondements théoriques qui guident depuis plusieurs années les enquêtes que nous poursuivons sur les relations entre peuplements humains et traditions céramiques. Il reprend, en les intégrant dans une ligne générale, les contenus modifiés de plusieurs articles dispersés et parfois peu accessibles en les actualisant et certains aspects de nos cours d’ethnoarchéologie données à Genève, Neuchâtel et Paris.
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30. Alain Testart et le comparatisme ethnographique : une analyse logiciste
Article prévu pour le numéro spécial de le revue Paléorient consacré à Jacques Cauvin, mais refusé par le Comité éditorial
Réponse aux critiques du Comité éditorial.
Dans la revue Paléorient paraissait récemment un étude, Des crânes et des vautours ou la guerre oubliée, mettant en cause l’interprétation « religieuse et funéraire » de plusieurs manifestations du plus vieux Néolithique du Proche-Orient, notamment celle des crânes isolés, habituellement considérés comme des crânes d’ancêtres, et celle de la riche iconographie de sites comme Çatal Höyuk (Testart 2008, repris dans Testart 2010).
Selon Alain Testart, la guerre est omniprésente et constitue une dimension essentielle des plus anciennes sociétés néolithiques, souvent oubliée des archéologues. Pour mener à bien sa démonstration l’auteur fait appel à un nombre impressionnant d’exemples ethnographiques sensu lato pris dans les cultures les plus diverses.
L’approche, qui a soulevé des réactions parfois violentes, est suffisamment exceptionnelle pour qu’on prenne la mesure de l’événement et le temps d’approfondir la méthodologie développée, méthodologie qui pose une vraie question sur les moyens que nous utilisons pour interpréter les vestiges archéologiques. Pour mener à bien cette tâche, nous avons procédé à une analyse logiciste de l’article avant de préciser la méthode utilisée par Alain Testart et de développer quelques pistes pour progresser dans ce difficile dossier.
Bibliographie
TESTART (A.) 2008. Des crânes et des vautours ou la guerre oubliée. Paléorient 34.1, 33-58,
TESTART (A). 2010. La déesse et le grain : trois essais sur les religions néolithiques. Paris : Errance.
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31. Gallay (A.). 2011. De mil, d’or et d’esclaves : le Sahel précolonial. Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes (Le Savoir suisse, 72)
Qui étaient ces populations des confins des terres connues, au delà du Sahara, si longtemps méprisées. Peut-on se faire une idée de la nature politique de ces sociétés ? A-t-il réellement existé en Afrique de l’Ouest, aux périodes précoloniales, de véritables « Empires » ?
Le premier volet jette les bases des mécanismes économiques, sociaux et politiques assurant le fonctionnement et le développement original de ces formations souvent mal connues du public, formations dont le sort est en partie lié au commerce de l’or et à la traite des esclaves, tant arabe qu’européenne.
Bien que reposant sur des bases très semblables, ces sociétés ne sont pas homogènes. Le second volet propose un panorama de cette variabilité faisant appel aux mécanismes présentés dans la première partie.
Enfin ces sociétés sont inscrites dans l’histoire, et c’est à travers l’histoire que nous pouvons le mieux comprendre leur nature. Un troisième volet, consacré à la boucle du Niger au Mali, explore cette piste de connaissance à travers l’exemple concret d’un scénario historique limité à la période située entre le 15ème siècle et la première colonisation française, révélant l’histoire complexe des États chasseurs d’esclaves face aux chefferies dogon du Plateau central nigérien.
Dès le début des années 60, nos avons cherché à approfondir ces questions dans le cadre de l’Université de Genève, à l’occasion de notre enseignement et de nombreuses missions de recherches, tant au Mali qu’au Sénégal. Ce petit livre dresse un bilan de ces réflexions.
Annexes non retenues dans le livre : construction de l’ouvrage et sources documentaires
Un inteview sur le livre : http://www.youtube.com/user/Polytechpress#p/u/3/CankGc8jVJo
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32. Gallay (A.). 2010. Une approche anthropologique de la notion de bien de prestige
In : XIIème colloque international sur les Alpes dans l’Antiquité, Yenne, 2-4 octobre 2009 : Les manifestations du pouvoir dans les Alpes, de la préhistoire au Moyen-Age). Bulletin d’études préhistoriques alpines (Aoste), 21, 29-44.
La notion de bien de prestige est couramment utilisée par les archéologues pour désigner des objets qui présentent souvent un fort investissement technique et pour lesquels on suggère une fonction sociale dépassant le stricte cadre technique et économique. Curieusement ce concept trouve peu d’écho dans la littérature ethnologique et anthropologique et l’on chercherait en vain une définition de ce concept. Cette communication propose un modèle intégrant les divers domaines de la société au sein desquels cette notion est opératoire en se limitant aux sociétés du monde II de Testart (2005) regroupant les sociétés à richesse ostentatoire, les sociétés semi-étatiques (société lignagères et démocraties primitives) et les société royales.
Le schéma oppose un domaine où les biens dits de prestiges sont conservés et peuvent faire l’objet de stockage et de thésaurisation d’un secteur où s’exerce divers types de transactions.
Les biens de prestige relèvent pour la plupart des deux domaines ; ils concernent des biens meubles, du bétail ou des esclaves.
Certains biens comme les trophées de guerre (têtes coupées, etc.) ou les regalia (insignes de pouvoir) relèvent par contre plus particulièrement du domaine central et ne font qu’exceptionnellement l’objet de transactions.
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A la recherche du secret perdu des biens de prestige
Bulletin d’étude préhistoriques et archéologiques alpins
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33. Gallay (A.). 2010. Sériation chronologique de la céramique mégalithique sénégambienne (Sénégal, Gambie), 700 cal BC – 1700 cal AD
In : Journal of african archaeology, 8,1, 2010, p. 99-129
La sériation en un coup d’oeil
Les recherches sur les mégalithes sénégambiens sont dominées par les travaux de Guy Thilmans et Cyr Descamps à qui l’on doit une excellente connaissance de la taphonomie de ces monuments funéraires. Le mobilier découvert lors de ces fouilles, en particulier la céramique, n’a par contre jamais fait l’objet d’une étude systématique. Cet article propose une première sériation chronologique de la céramique associée aux sépultures mégalithiques sénégambiennes. Cette ordination se fonde essentiellement sur les matériaux récoltés dans la partie occidentale de la zone mégalithique correspondant aux bassinx du Bao Bolon e du Nianila, deux affluents de la Gambie. Elle concerne notamment la céramique des fouilles que nous avions entreprises en 1980-81 sur le site de Mbolob Tobé à Santhiou Kohel et sur la stratigraphie mise en évidence en 2002 et 2003 dans le cercle n°27 de Sine Ngayène (Sénégal) par Augustin Holl et Hamady Bocum. On propose une séquence en trois phases suivies d’une phase postmégalithique. Les phases Mégalithique 1 et Mégalithique 2 sont confirmées par la séquence statigraphique du double cercle n°27 de Sine Ngayène. La distinction entre les phases 2 et 3 ne repose par contre que sur des considérations d’ordre topographique : tumulus situés en périphérie des zones occupées par les cercles mégalithiques dans les nécropoles mixtes. Elle demande à être confirmée ou infirmée par des datations C14. Cette distinction pourrait en effet relever de productions de castes distinctes plus ou moins contemporaines, une question qui renvoie au contexte économique, social et politique des sociétés précoloniales ouest-africaines.
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34. Gallay (A.). 2010. Rites funéraires mégalithiques sénégambiens et sociétés africaines précoloniales : quelles comptabilités ?
In : Colloque du 150ème anniversaire de la Société d’anthropologie de Paris (26-30 janvier 2009) : des conceptions d’hier aux recherches de demain.Bulletins et mémoires de la société d’anthropologie de Paris 22, 1-2, 2010, p. 84-102.
Résumé de la c ommunication présentée au congrès le 26 janvier 2009 :
En France, la problématique de l’analyse des sépultures est entièrement dominée par l’analyse dite taphonomique des restes osseux alors que les réflexions d’ordre anthropologique restent totalement marginales. A l’occasion de l’analyse des morts d’accompagnement présents dans les sépultures mégalithiques sénégambiennes (50 av. J.-C. – 1640 AD), cette communication pose la question de la pertinence d’une approche socio-politique des rites funéraires en général et de ce phénomène en particulier : nos connaissances sur les types de sociétés ouest-africaines précoloniales permettent-elles d’éclairer ces rites funéraires ? On propose à ce propos les bases d’une typologie des sociétés précoloniales de l’Afrique de l’Ouest et on démontre que les rituels funéraires des cercles mégalithiques du Sénégal et de la Gambie sont essentiellement compatibles avec ce que les ethnologues francophones nomment des « chefferies classiques » ainsi qu’avec les premières sociétés étatiques dites royales.
Figure. Analyse taphonomiquue et anthropologique des sépultures les plus profondes du cercle 25 de Sine Ngayène (fouilles Thilmans). Deux individus isolés accompagnés de lances de fer sont associés à deux groupes compacts de cadavres. L’un des deux individus pourrait être le chef de lignage auquel est consacrée la sépulture, tous les autres individus correspondant à des morts d’accompagnement. Dans ce cas un des deux individus isolés A ou B serait un esclave possédant lui même des esclaves tués au moment de son exécution. D’autres esclaves exécutés sont inhumés dans la partie supérieure du remplissage.
Documents souches (texte préliminaire et diapositives du ppt) de la communication :
Rites funéraires mégalithiques sénégambiens et sociétés africaines précoloniales
L’article intégral peut être téléchargé sur :
http://springerlink.com/content/62151858226h671u/?p=70cde745858a402bb371207dd0f9aa60&pi=7
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35. Gallay (A.). 2010. Les mécanismes de diffusion de la céramique traditionnelle dans la boucle du Niger (Mali) : une évaluation des réseaux de distribution
In : Manen, C., Convertini, F., Binder, D., Senepart, I. eds. 2010. Premières sociétés paysannes de Méditerranée occidentale : structure des productions céramiques. Séance de la Société préhistorique française. Toulouse, 11-12 mai 2007, (Mémoire LI de la Société préhistorique française), p. 265-281.
Les mécanismes de diffusion de la céramique traditionnelle en Afrique de l’Ouest s’inscrivent dans une économie à marchés périphériques dans laquelle des échanges marchands se superposent à des échanges non marchands liés au fonctionnement des sociétés d’autosubsistance. On propose un modèle économique correspondant au fonctionnement du système aux périodes qui ont immédiatement précédé la colonisation, système qui persiste encore largement aujourd’hui. La structure dégagée distingue des marchés locaux, des marchés régionaux et des marchés internationaux liés au commerce transsaharien. La céramique traditionnelle est diffusée par l’intermédiaire des seuls marchés locaux. Des dons de céramiques de prestige effectués à l’occasion de mariages se superposent aux mécanismes du marché. Les paramètres statistiques caractérisant les divers modes de transfert de la céramique permettent de proposer un modèle de distribution de la céramique traditionnelle où il est possible de distinguer une zone de production de la céramique d’une zone périphérique où n’est écoulée que la céramique commune. Ce modèle est applicable à des données archéologiques.
Achat en ligne :
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36. Gallay (A.), Gardin (J.-C.). 2009. Les méthodes logicistes en archéologie : perspectives et limites.
In : Walliser, B. ed. 2009. La cumulativité du savoir en sciences sociales : en hommage à Jean-Michel Berthelot . Paris : ed. de l’EHESS, p. 111-161.
A la suite d’une première réflexion sur l’épistémologie des sciences humaines initiée par le sociologue Jean-Michel Berthelot et à l’origine de l’ouvrage « Epistémologie des sciences sociales » (PUF 2001), un nouveau groupe de réfexion s’est constitué autour des questions posées par la cumulativité des connaissances dans les sciences humaines.
Le groupe, dont la présidence a été assuré par l’économiste Bernard Walliser à la suite du décès de Jean-Michel Berthelot (2006), comprenait les personnes suivantes :
Claire Beyssade (linguistique), Alban Bouvier (sociologie), Daniel Courgeau (démographie), Jean Claude Gardin et Alain Gallay (archéologie), Frédéric Julian (éthologie), Gérard Lenclud (ethnologie), Denise Pumain (géographie), Jacques Revel (histoire), Nicole Ramognino (sociologie) et Bernard Walliser (économie). Deux philosophes des sciences, Robert Franck et Pierre livet, ont assuré une coordination transversale des débats.
La cumulativité en archéologie : une orientation sur la contribution de Jean Claude Gardin et Alain Gallay
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37. Gallay (A.). 2009. La place de Gordon Childe dans les études mégalithiques.
In : Collectif. De Méditerranée et d’ailleurs : mélanges offerts à Jean Guilaine. Toulouse : Archives d’écologie préhistorique, p. 269-298.
Est disponible en pdf depuis janvier 2012
Cet article présente la place occupée par V. Gordon Childe dans le développement des études mégalithiques européennes, des origines à nos jours. L’analyse se fonde sur les notions de paradigmes et de programmes (appelés également écoles) dévelopées dans : GALLAY, A. 2007. Quel paradigmes pour la préhistoire ? Un historique. In : Congrès du centenaire : un siècle de construction du discours scientifique en préhistoire (26ème congrès préhistorique de France, Avignon 21-25 septembre 2004), 301-312.
Une version abrégée de ce texte, consacrée uniquement à Gordon Childe, a été publiée en catalan dans la revue Cota Zero (Barcelone), vol 22, 2007, 44-57.
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