Construire un regard

Développer une recherche sur le long terme implique à la fois de procéder à des choix théoriques et d’ancrer cette théorie dans la réalité de recherches particulières bien délimitées au plan de l’espace, du temps et des composantes thématiques. Issu des sciences de la nature, mais formé également dans les domaines de l’ethnologie et de l’archéologie, nous nous sommes astreint à donner à notre démarche anthropologique au sens large une assise solide que les sciences humaines ne nous paraissaient pas offrir en l’état de l’art.. Deux thèmes principaux se sont retrouvés sur notre chemin au croisement de l’archéologie et de l’ethnohistoire : la céramique dans la perspective d’une approche ethnoarchéologique, le mégalithisme dans ses manifestations européennes, africaines et même mondiales.

La céramique

L’étude de la céramique actuelle du Mali (Delta intérieur du Niger et Pays dogon 1986-2005) a requis un travail de terrain de très longue haleine nécessitant des missions de longues durées, et surtout un apprentissage du terrain qui a permis de développer une certaine familiarité avec des environnements naturels et humains ayant demandé pour sa compréhension de nombreuses années de contacts. Notre premier séjour au Mali remonte en effet au début des années 60.

Sur le plan théorique, cette expérience a permis de définir les fondements de l’approche ethno-archéologique et une épistémologie trouvant sa source dans les sciences de la nature. Cela a été pour nous l’occasion de réfléchir à des stratégies de recherches orientées sur des objectifs clairement définis et délimités.

Le mégalithisme

Notre expérience du mégalithisme s’est d’abord nourrie des travaux effectués dans le nécropole néolithique du Petit-Chasseur à Sion en Valais (1971-1973). Ces fouilles ont été abordées dans la perspective qui était alors celle de l’exhaustivité définie par Leroi-Gourhan et qui s’est inspirée des approches taphonomiques développées par Henri Duday.

Elle s’est par la suite poursuivie au Sénégal où nous avons développé en 1980-81 une approche plus ciblée du terrain dans l’optique du cours sur les stratégies de recherches en archéologie donné par Jean Claude Gardin à Genève en 1978.

Nous prolongeons aujourd’hui ces recherches en nous intéressant au monumentalisme funéraire saharien et sahélien (Sahara, Soudan, Ethiopie).

Ces recherches, aujourd’hui en chambre, nous ont permis de développer un schéma intégré de compréhension dynamique de l’histoire du monumentalisme funéraire qui transcende l’approche ethnoarchéologique en mobilisant d’autres paramètres ethnohistoriques : développement social et politique des sociétés africaines précoloniales et données linguistiques. Nous avons tenté aujourd’hui d’appliquer ce schéma au Soudan dans un premier travail soucieux de respecter au mieux cette problématique :

Gallay, A. 2016. Sociétés et rites funéraires : Le Nil moyen (Soudan) du Néolithique à ‘islamisation. Afrique, Archéologie, Art, 12, 43-80.

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Décembre 2016