– La constitution d’une anthropologie générale repose de plus en plus sur une ethnohistoire dont il convient de fixer les règles.
Nous réservons pour la fin une question essentielle qui se dessine peut-être mieux maintenant que le lecteur perçoit plus clairement dans quel sens il convient de témoigner. Cette question est celle de la matière même de l’ethnoarchéologie.
La création d’une anthropologie générale pose aujourd’hui un problème fondamental que les détracteurs de l’ethnoarchéologie n’ont pas manqué de souligner. Le monde change et les cultures traditionnelles disparaissent sous l’effet d’une mondialisation dont le dernier souci est de respecter l’intégrité culturelle des sociétés. Il n’y a guère besoin de s’étendre sur le sujet. Notre quête repose donc de plus en plus sur des témoignages anciens, l’ethnographe se transformant en historien. La nature des sources changent de nature. Il convient donc de construire des problématiques d’analyse reposant sur une critique de ces sources et sur de nouvelles manières de mobiliser ces données toujours biaisées.
***GUILLE-ESCURET, G. 2012. Les mangeurs d’autres : civilisation et cannibalisme. Cahiers de l’Homme. Paris : Editions de l’Ecole des hautes études en sciences sociales.
Dans le chapitre 5 « Epistémologie du témoignage » de son livre « Les mangeurs d’autres » Georges Guille-Escuret propose quelques clés allant dans ce sens à propos de ses enquêtes sur le cannibalisme et ouvre la voie à une véritable épistémologie des témoignages historiques en montrant que ces derniers, malgré leurs imperfections, présentent souvent une valeur certaine pour peu que l’on sache les lire.
***BOULEGUE, J. 2013. Les royaumes wolof dans l’espace sénégambien (13ème-18ème siècle). Paris : Karthala.
Le livre posthume de Pierre Boulègue propose une analyse purement historique, mais extrêmement documentée, de l’histoire des royaumes wolof du Sénégal qui englobe également l’histoire des royaumes du Siin et du Saalum. Un livre de référence pour l’historien. Pour nous il est l’occasion de reprendre et d’approfondir une hypothèse ancienne jamais (in)validée, qui associe les tumulus à pierre frontale de l’aire mégalithiqe sénégambienne à la monarchie gelwaar d’origine malinké. Ce livre est donc une excellente occasion de démontrer la pertinence de la confrontation des données ethnohistoriques, archéologiques et ethnoarchéologiques dans la reconstitution de l’histoire précoloniale ouest-africaine.
***DE BEAUNE Qu’est-ce que la préhistoire. Paris : Gallimard (Folio, Histoire)
Sophie de Beaune me fait l’honneur de me consacrer plusieurs pages dans son livre « Qu’est- ce que la préhistoire ? » (notamment p. 167-171), pages dans laquelle elle met explicitement en doute les choix épistémologiques qui guident mes recherches. Il est intéressant de noter qu’elle reprend pratiquement, à plusieurs années de distance, les critiques que Paul Courbin (1988) – le fouilleur de l’Agora d’Athènes et auteur du livre « Qu’est-ce que l’archéologie » (1982) – avait adressées à mon livre « L’archéologie demain » (1986) :
« On peut douter que l’archéologie aille vers la découverte de « lois universelles », vers un scientisme de plus en plus poussé. C’est là une direction qui a déjà été tentée avec assez d’insuccès dans un passé récent : par l’archéologie d’hier. » (Courbin 1988, p. 385).
***ADAMS W. Y. 1977 Nubia : Corridor to Africa. London, Allan Lane.
L’ouvrage d’Adams constitue un excellent résumé de l’histoire et des rites funéraires du Soudan. Un de ses intérêts vient du fait que l’auteur fait référence, certes très timidement, à l’ethnologie du Soudan et de l’Afrique de l’Est pour éclairer certains aspects des sociétés du passé. Ce type d’approche est trop rare parmi les archéologues travaillant dans cette région pour ne pas être soulignée.
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