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DOCUMENTS ET TEXTES DIVERS INEDITS OU EN CHANTIER

1. A propos du développement des rites funéraires : les sociétés du Haut-Nil (Soudan) du Néolithique à l’Islamisation

A paraîre dans Afrique, Archéologie, Art

Cet article teste la pertinence d’une approche intégrant  ethnohistoire et archéologie, dans un cadre ethnoarchéologique et linguistique régional en suivant une démonstration de type logiciste.

Il aborde la préhistoire récente et l’histoire préislamique du Soudan depuis le Néolithique et vise à donner une vue renouvelée du développement des civilisations du haut bassin du Nil et du Korofan dans le domaine des rites funéraires. Il développe une perspective anthropologique africaniste afin de compléter la vision essentiellement égyptologique qui domine aujourd’hui l’archéologie de cette région.

La démarche se développe sur quatre niveaux successifs :

1. Présentation des données de base aux plans  ethnologique, linguistique, ethnohistorique,  et archéologique (propositions P0),

2. Exposé de certaines dynamiques générales affectant les sociétés africaines (propositions P1),

3. Restitution d’un scénario historique (propositions P2),

4. Démonstration de l’insuffisance actuelle d’une démarche essentiellement égyptologique sensible aux présupposés du néo-évolutionnisme nord-américain. Deux ensembles se dessinent, l’un, néolithique, compréhensible dans le cadre de la dynamique du phylum afrasien, l’autre à l’origine des sociétés pré-étatiques et étatiques (Kerma, Napata, Méroé), qui s’intègrent dans la dynamique du phylum nilo-saharien (propositions P3).

On termine par quelques propositions générales sur l’évolution des sociétés et la mise en évidence d'un certain synchronisme entre mouvements de populations et phases climatiques les plus arides (propositions P4).

Fig. Développement des rites funéraires de la vallée du Nil entre la 2e et la 6e cataracte distinguant le domaine afrasien du domaine nilo-saharien. © Gallay

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2. L'archéologie demain 1986-2016 : quoi de neuf ?

11ème journée doctorale d'archéologie. Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne (18 mai 2016). A paraître dans Archéo.doct.

L’examen du livre “L’archéologie demain” (1986) révèle que toutes les grandes orientations qui ont guidé nos travaux jusqu’à ce jour sont déjà en place en 1986.

Les orientations essentielles concernent alors
1. Une proposition de modèle inspiré de la biologie et de la paléontologie, articulant science et histoire,
2. La promotion de l’ethnoarchéologie et du logicisme et
3. Une critique de l’exhaustivité des observations débouchant sur des préoccupations d’ordre stratégique (cours Gardin 1978)

Les trois décennies qui suivent vont s’attacher à approfondir ces notions théoriques - sans les remettre en question à travers un certain nombre de lectures et d’expériences de terrain. Les préoccupations sont alors plus anthropologiques que strictement archéologiques.
Les sujets abordés concernent :

- l’approfondissement du modèle biologique,
- des réflexions épistémologiques,
- les relations entre pensée savante et pensée vulgaire
- le logicisme
- le développements de l’ethnoarchéologie

Nos derniers travaux explorent aujourd’hui les limites de l’investigation ethnoarchéologique à travers de nouvelles recherches consacrées au mégalithisme africain (Ethiopie, Sahara, Sénégal), recherches qui s’inspirent de la distinction entre sociétés et cultures proposée par Testart (2012) et combinent approche cladistique des sociétés et environnements linguistiques. Cette perspective évolutionniste intègre des généralisations (les types de sociétés) spécifiables (les familles linguistiques).

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3. Autour du feu : campements touareg du Sahara central. Gollion : Infolio

La publication récente d’une monographie consacrée au site magdalénien de Pincevent remet aujourd’hui au centre des débats l’utilisation de l’ethnologie dans la compréhension des vestiges des campements des anciens chasseur-cueilleurs et autres haltes liées à certaines formes de mobilité (Julien, Karlin 2014).
Elle montre toute l’actualité d’une étude déjà ancienne que nous avions consacrée à l’analyse de campements touareg du Sahara central, étude de « littérature grise »  mal diffusée et restée confidentielle (Gallay 1991).
Il nous semble donc utile de publier à nouveau dans des canaux plus officiels ce travail qui n’a pas vieilli. La problématique présentée garde en effet un certain intérêt théorique et méthodologique pour le préhistorien qui s’attache à déchiffrer les vestiges d’anciens campements, et à lire les différentes activités qui ont pu se dérouler autour des foyers toujours présents au sein de pareils établissements.

Touareg

Fig. Camp 20, Oued I-n-Djerane (21.11.87, midi). Dispositif spatial de type repas (Rb).Photo Alain Gallay.

Touareg2

Fig. Dispositif spatial de type repas (Rb). Hommes assis en cercle en train de prendre leur repas. Zone de combustion comprenant deux foyers en activité  (F1 avec combustible et trépied et F3 avec pierres) et un foyer éteint (F2 ayant servi à cuire la tagela).

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4. Gardin, J.-C. et Gallay, A. Stratégies pour l'archéologie. Gollion : Infolio

En 1978, Jean-Claude Gardin donnait à Genève un cours sur les stratégies de recherches en archéologie. Il venait d’achever dans le nord de l’Afghanistan une série de prospections, aboutissement d’un long engagement sur le terrain de Bactriane durant lequel il avait pu réfléchir à ce qu’était une stratégie de recherches. Cette expérience était au cœur de cet enseignement.

Ce cours faisait suite à un cours d’archéologie théorique donné l’année précédente devant les mêmes étudiants, enseignement qui a été à l’origine de son livre « Une archéologie théorique » (Gardin 1979b). Curieusement, le cours sur les stratégies de recherches n’a jamais donné lieu à publication et l’on ne trouve pas, à notre connaissance, dans la bibliographie de notre collègue et ami, d’articles ou de livres explicitement consacrés à ce sujet.

Nous avons nous-même prolongé ce double enseignement en reprenant son contenu dans un cours d’archéologie théorique que nous avons donné à l’Université de Genève jusqu’à notre retraite en 2004. Nous pensions en effet que les matières présentées étaient absolument indispensables à la formation de nos étudiants en archéologie.

Le cours de 1978 a eu des retombées positives non seulement sur notre enseignement, et peut-être sur nos étudiants, il a également influencé de façon radicale notre conception du travail de terrain, tant pour nos fouilles que pour nos recherches ethnoarchéologiques ainsi que, d’une manière générale, sur l’élaboration et la publication de nos données.

C’est cette histoire que nous aimerions raconter en publiant nos notes du cours de 1978. Il nous paraissait en effet important d’associer à une réflexion essentiellement théorique, qui pouvait paraître quelque peu rébarbative, une illustration pratique issue de notre propre expérience. Cette dernière s’est étendue dès le moment où nous avons repris les fouilles de la nécropole néolithique du Petit-Chasseur à Sion (Valais) en 1971, jusqu’à celui où nous avons achevé nos enquêtes ethnoarchéologiques sur la céramique traditionnelle dans la Boucle du Niger, au Mali, en 2004.

Bactriane

Fig. Prospection Jean-Claude Gardin 1977 du Haut-Tokharestan (Afghanistan). Butte d'habitat de Tahipan T232 (Shish Tepe) (Photo J.-C. Gardin. Archives de la Maison de l’archéologie et de l’ethnologie, Nanterre).

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5. Le mégalithisme en Ethiopie une approche ethnoarchéologique intégrée ?

Communication présentée dans le cadre du 7ème congrès international d'ethnoarchéologie Current ethnoarchaeology (Rome 25-26 et 27 novembre 2015)

Aujourd’hui encore certaines populations du sud de l’Ethiopie comme les Konso et les Arsi élèvent des mégalithes. Comment construire aujourd’hui une approche globale de cette question qui nous permette d’intégrer données ethnographiques, anthropologiques, historiques et archéologiques et de situer le développement du mégalithisme dans une compréhension évolutionniste des sociétés, selon la perspective élaborée par Alain Testart ?

Nous pouons définir une démarche en quatre points qui intègre les données ethnoarchéologiques.


1. Une démarche ethographique acualiste (P0)
Le phénomène mégalithique éthiopien doit être situé par rapport à un certains nombre de paramètres actualistes, parmi lesquels il convient de distinguer les données linguistiques (relations avec les différentes langues du phylum afro-asiatique), les variations environnementales (hauts plateaux arrosés ou savanes sèches), la relation avec l’élevage des bovidés, les cultigènes présents (sorgho, tef, ensete), l’opposition entre sociétés lignagères hiérarchisées et sociétés à classes d’âge sensu lato, l’importance de la guerre (valorisation du héros), enfin l’esclavage. 


2. Une démarche anthropologique : définir la structure dynamique du phénomène (P1)
En suivant Testart (2012) on distingue les sociétés (nos régularités) des cultures (nos scénarios). L’analyse des données centrées sur les types de sociétés permet seule une approche évolutionniste. La démarche cladistique (fondée sur la notion de descendance avec modification) est à nos yeux l’instrument adéquat pour de type d’analyse.

L’arborescence (cladogramme) proposée se fonde sur cinq hypothèses :

- l’importance phylogénétique structurante et primordiale des familles linguistiques,

- la distinction entre sociétés à classes d’âges (langues est-couchitiques) et sociétés de filiation (langues omotiques),

- L’antériorité du pastoralisme sur les économies mixtes,

- L’opposition entre économies mixtes de savane (sorgho) et économies mixtes des hautes terres (tef et ensete)

- Le caractère dérivé de l'agricuture intensive (Konso), du nomadisme chamelier (Borana) et des hydroagricultures (Gidolé, Karoo, Dassanetch).,

3. Une démarche historique (P2)
Sur cette base nous pouvons insérer le développement du mégalithisme dans un scénario historique en distinguant 1. un mégalithisme ancien lié aux premières populations pastorales sans agriculture (3ème millénaire cal BC, lac Turkana, Somaliland), 2. un mégalithisme plus spécifiquement issu de la famille est-couchitique, associé à des sociétés à classes d’âge (démocraties primitives) et pratiquant une horticulture de l’ensete. Ce second mégalithisme se développe en plusieurs phases, du second millénaire cal BC à l’époque actuelle.

4. Une perspective évolutionniste (P3)

L'élargissement des résultats éthiopiens à l'ensemble de la bande sahélo-soudanaise et l'intégration des données acquises sur le mégalithisme sénégambien montre que le mégalithisme ne s'insère pas facilement dans la taxonomie cladistique décrivant la dynamique évolutive des sociétés et ne constitue donc pas, dans cette persective, un clade homogène. Le mégalithisme caractérise en efftet des types distincts de sociétés holocènes placées entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs et les société étatiques.

 

Fig. Schéma d’orientation pour une construction logiciste abordant la question de l’évolution des sociétés de lapartie septentrionale du continent africain, Sahara, Sahel et Ethiopie. X : Rétrodiction des données taxonomiques dans le scénario (Schéma  Alain Gallay).

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6. Rances ou le défi méthodologique

Introduction à la monographie consacrée aux fouilles de Rances. A paraître dans les Cahiers d'archéologie romande (Lausanne).

L’expérience des fouilles de Rances se situe à la conjonction de deux situations inédites sur le plan de notre expérience professionnelle et ne peut être comprise qu’à travers elles :
- Pour le première fois nous nous trouvons confronté à un environnement géomorphologique et géologique entièrement nouveau pour les préhistoriens de l’époque.  Dans ce terrain, issu du retrait glaciaire, les traces laissées par l’homme préhistorique, souvent très diffuses, se trouvaient imbriquées dans des colluvions de pente caillouteux issus du lessivage des terrains fluvioglaciaire, cailloutis du retrait ou limons déposés dans le cuvettes mises en place au moment du retrait des glaces, sans qu’il soit toujours possible  de reconnaître des niveaux d’occupation nettement distincts.

- Sur le plan théorique nous nous trouvons à l’époque où nous remettons en question les certitudes héritées de l’enseignement de notre maître André Leroi-Gourhan. Nous avions en effet fouillé la nécropole de Petit-Chasseur en nous référant à cette sacro-sainte exhaustivité dominant la recherche archéologique des années 60, tant au niveau de la fouille que de l’exploitation des données (Gallay 2003, 2004 ; Gallay et al. 2011).
Lors des années universitaires 1976-77 et 1977-78, soit au moment même des fouilles de Rances, Jean-Claude Gardin donne à Genève deux cours, sur l’archéologie théorique, puis sur les stratégies de recherches en archéologie qui auront de profondes répercussions sur la conception de notre métier. Seul le premier cours est à l’origine d’un livre (Gardin 1979).

Il remet à cette occasion en question la notion d’exhaustivité de l’observation, démontrant l’impérieuse nécessité de subordonner l’observation à des questions précises permettant de sélectionner les critères jugés pertinents pour la recherche. Dans son essai d’épistémologie Alain Testart (1991) ne dira pas autre chose sur les fondements de la recherche scientifique plusieurs années plus tard.

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Fig. Programme tactique ayant guidé les fouilles de Rances. La zone occupée essentiellement par des habitats du Bronze moyen, très vaste, fait l'objet de choix stratégiques stricts réévalués chaque année, alors que la zone où se situe des vestiqges campanifoemes, d'extension plus limitée, est abordée selon une approche maximaliste.

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7. Chasséen, Cortaillod et autres désignations : quelques réfexions à propos du concept de culture

Colloque international : le Chasséen, des Chasséens, retour sur une culture nationale et ses parallèles, Sepulcres de fossa, Cortaillod, Lagozza. Paris, 18-20 novembre 2014. Charger l'équivalent en pdf.

Le terme « culture », présent dans l’intitulé du présent congrès, est couramment utilisé par les néolithiciens pour désigner les complexes de découvertes qu’ils étudient sans qu’une réflexion théorique n’accompagne toujours l’usage de ce terme.

Nous voyons dans cette notion trois connotations qui se développent au cours de l’histoire de la recherche. Ce tour d’horizon historique sera l’occasion pour nous d’éclaircir quelques points d’histoire des idées restés largement méconnus et de rendre hommage à Gérard Bailloud pour le rôle qu’il a joué dans ce développement.

1. Perspective compilatoire : la culture sensu lato comme groupe monothétique

Aux premiers temps de la recherche toutes les approches donnent au terme culture, explicitement ou non, un sens monothétique. La recherche germanophone ajoute au concept une interprétation en terme de populations, mais les dérives de ce type d’analyse (Gustaf Kossina) suscitent désormais de nombreuses interrogations parmi les préhistoriens allemands. A l’opposé, la recherche francophone conçoit souvent la culture comme la résultante d’un jeu d’influences extérieures et reste peu ouverte aux débats théoriques.

L’anthropologie d’alors présente également souvent cette même vision monothétique des composantes culturelles, notamment à travers l’analyse des variations spatiales de la culture matérielle prise dans sa globalité (travaux de Milke sur les Indiens de Californie par exemple, Milke 1949). Cette vision monothétique rejoint l’interprétation de Lévi-Strauss en terme de variations de la communication (communication des biens, communication des femmes, communication des messages), cette dernière passant par un seuil minimum aux frontières de la culture (Lévi-Strauss 1958, 326), mais cette vision globale reste nettement insuffisante en terme d’analyse anthropologique.

2. Perspective typologique : la culture sensu stricto comme groupe polythétique 

L’interprétation polythétique se développe essentiellement dans le domaine anglophone, plus ouvert aux explications fonctionnalistes, mais a de la peine à pénétrer les domaines germanophones et francophones, à quelques exceptions près (Borello 1985). L’approche polythétique des composantes culturelles reste pourtant pour nous un préalable essentiel au développement d’une définition de la culture sur le plan typologique car elle permet d’isoler ce qui peut constituer le noyau dur du concept, ce dernier s’affirmant notamment dans les particularités de la céramique.

Contrairement à ce que l’on pense souvent cette perspective s’est développée dans le domaine francophone indépendamment de la recherche anglophone et peu avant la promotion du concept par David L. Clarke. Nous l’avons approfondie de façon systématique dans notre thèse sur le Néolithique moyen du Jura et des plaines de la Saône, inspiré alors par une conférence donnée par Gérard Bailloud sur le Chasséen le 18 juillet 1964 au Musée de Nîmes. Notre regretté collègue, initiateur de notre travail, y insistait en effet sur la non concordance des variations spatiales des composantes culturelles de cette culture, céramique, industrie lithique, sépultures etc. L’approche développée dans notre thèse, achevée, mais non encore publiée, avant la parution d’Analytical Archaeology en 1968, montrait en effet qu’on ne pouvait approcher le concept de culture qu’en éliminant tout d’abord les composantes ayant une durée de vie restreinte, mais une très large répartition géographique (horizons chronologiques) et les composantes de longue durée de vie, mais géographiquement circonscrites (traditions régionales). Elle montrait qu’il était également possible de développer une approche chiffrée des affinités entre les différents groupes culturels permettant d’identifier un niveau correspondant plus précisément à la culture (Gallay 1977) (tab. 1).

3. Perspective explicative : la culture sensu stricto comme expression d’une population 

Le second bouleversement a été abordé à l’occasion du cours de Genève de la Société suisse de préhistoire et d’archéologie en 1990 « Peuples et archéologie », à l’occasion duquel nous avons insisté sur le fait que le concept de culture n’est pas un donné préalable, anticipant toute recherche, mais bien un résultat découlant d’hypothèses très lourdes sur la signification fonctionnelle donnée à chaque composante culturelle prise isolément. Dans cette perspective l’analyse typologique précédente ne pouvait être qu’une approche préliminaire, mais restait encore insuffisante (Gallay 1990, 2000).

Nos recherche ethnoarchéologiques sur la signification des traditions céramiques de la Boucle du Niger (Mali) se sont situées dans cette perspective en montrant qu’il était possible d’interpréter ces traditions fondées sur différentes techniques de montage en termes de populations et/ou de groupes sociaux, ce qui contredisait, du moins au niveau de ce terrain particulier, les idées dominantes développées par l’ethnologie (Gallay 2012).

Dans ce prolongement nous présentons un modèle qui permet d’analyser les composantes culturelles, tant au niveau large qu’au niveau restreint de l’identification des populations (fig. 1).

 

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Fig. Schéma d’analyse du concept de culture en fonction des paramètres L (espace) et T (temps).

Au plan pratique l’approche culturelle au sens strict doit reposer sur l’étude des dynamiques locales en termes de continuité et/ou de rupture chronologique. Seul ce type d’approche permet, in fine, d’établir la connexion culture-population (ethnie).

Nous présentons à titre illustratif quelques recherches récentes permettant d’illustrer cette perspective.

L’étude de la diffusion du jade du Mont Viso par Pierre Pétrequin confirme la présence d’horizons chronologiques de large répartition spatiale (Pétrequin et al. 2013).

A l’opposé, l’utilisation du cristal de roche en Valais illustre la présence de traditions culturelles de longue durée, mais d’extension spatiale limitée (Sauter et al. 1971, Honegger 2001).

Les études de François Giligny sur la formation des groupes à céramique cordée du lac de Neuchâtel confirment la présence de ruptures dans les traditions céramiques dues à l’arrivée d‘individus étranger (Giligny, Michel 1995).

La dynamique des occupations de la Combe d’Ain offre la possibilité d’identifier, à travers l’étude des changements de techniques dans la fabrication de la céramique (Pétrequin 1993, Giligny et al. 1995), des déplacements de populations, notamment au niveau de l’arrivée de groupes d’origine Ferrières (travaux de Rémi Martineau, Martineau 2000).

Enfin les recherches d’Elena Burri-Wyser sur le site de Concise  confirment la possibilité d’une coexistence dans un même village de deux traditions céramiques différentes (Cortaillod et NMB) correspondant probablement à des potières d’origines distinctes (Burri 2007).

Le concept de groupes polythétique, développé dans les années 60, débouche donc sur la possibilité de développer une analyse fonctionnelle du concept de culture dans lequel l’interprétation en termes de populations est possible à condition que l’on entreprenne au préalable une étude fonctionnelle approfondie des différentes composantes culturelles, une perspective pour la première fois réellement anthropologique pour cette question essentielle.

Quelques références

Borrello, M.-A. 1981. Considération sur la définition du groupe culturel Chassey-Cortaillod-Lagozza. Berne : Seminar für Urgeschichte.

Burri, E. 2007. La céramique du Néolithique moyen : analyse spatiale et histoire des peuplements. Lausanne : Cahiers d'archéologie romande. (Cahiers d'archéologie romande 109, La station lacustre de Concise 2).

Clarke, D. L. 1968. Analytical archaeology. Londres : Methuen.

Gallay, A. 1977. Le Néolithique moyen du Jura et des plaines de la Saône : contribution à l'étude des relations Chassey-Cortaillod-Michelsberg. Frauenfeld : Huber. (Antiqua 6).

Gallay, A. 1990. L'archéologie des peuples en question. In : Gallay (A.), ed. Peuples et archéologie. Cours d'initiation à la préhistoire et à l'archéologie de la Suisse (6 ; 1990 ; Genève : résumé des cours). Bâle : Société suisse de préhistoire et d'archéologie, 5-9.

Gallay, A. 2000. Cultures, styles, ethnies : quel choix pour l'archéologue? In : De Marinis, R., Biaggio Simona, S., eds. I Leponti : tra mito e realtà, 1. Catalogo di mostra (maggio-dicembre 2000 ; Locarno, Castello Visconteo - Casorella). Giubiasco : Gruppo Archeologia Ticino ; Locarno : A. Dadò, 71-78.

Gallay, A. & Huysecom, E., Mayor, A., Gelbert, A. collab. 2012. Potières du Sahel : à la découverte des traditions céramiques de la Boucle du Niger (Mali). Gollion : Infolio.

Giligny, F., Maréchal, D., Pétrequin, P., Pétrequin, A.-M., Saintot, S. 1995. La séquence Néolithique final des lacs de Clairvaux et de Chalain (Jura) : essai sur l'évolution culturelle. In : Voruz, J.-L., ed. Chronologies néolithiques : de 6000 à 2000 ans avant notre ère dans le Bassin rhodanien. Colloque : Rencontre sur le Néolithique de la région Rhône-Alpes (11 ; 19-20 sept. 1992 ; Ambérieu-en-Bugey). Ambérieu-en-Bugey : Société préhistorique rhodanienne. (Document du Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève 20), 313-346.

Giligny, F., Michel, R. 1995. L'évolution des céramiques de 2920 à 2440 av. J.-C. dans la région des Trois-Lacs (Suisse occidentale). In : Voruz (J.-L.), ed. Chronologies néolithiques : de 6000 à 2000 ans avant notre ère dans le Bassin rhodanien. Colloque : Rencontre sur le Néolithique de la région Rhône-Alpes (11 ; 19-20 sept. 1992 ; Ambérieu-en-Bugey). Ambérieu-en-Bugey : Société préhistorique rhodanienne. (Document du Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève 20), 347-361.

Lévi-Strauss, C. 1958. Anthropologie structurale 1. Paris : Plon.

Martineau, R. 2000. Poterie, techniques et sociétés : études analytiques et expérimentales à Chalain et Clairvaux (Jura), entre 3200 et 2900 av. J.-C. thèse de doctorat. Besançon : Université de Franche Comté.

Milke, W. 1949. The quantitative distribution of cultural similarities and their cartographic representation. American Anthropologist 51, 237-252.

Pétrequin, P. 1993. North wind, south wind : Neolithic technical choices in the Jura Mountains. In : Lemonnier, P., ed. Technological choices : transformation in material cultures since the Neolithic. London ; New York : Routledge (Material cultures), 36-76.

Pétrequin, P., Cassen, S., Errera, M., Klassen, L., Pétrequin, A.-M., Sheridan, A. 2013. The value of things : the production and circulation of alpine jade axes during the 5th-4tth millenia in a european perspective. In : Kerig, T., Zimmermann, A. eds. Economic archaeology : from structure to performance in European archaeology. Bonn : Habelt , 65-82

Sauter, M.-R., Gallay, A., Chaix, L. 1971. Le Néolithique du niveau inférieur du Petit-Chasseur à Sion, Valais. Annuaire de la Société suisse de préhistoire et d'archéologie 56, 17-76.

 

 

 

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